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RubanBleuRose

Avec la Fondation « La mort fait partie de la vie », Thaïs Sander animera le 15 octobre une marche du « ruban rose et bleu », symbole du jour.

Cette date est l’opportunité de rassembler les parents endeuillés, leurs proches et les professionnels dans un appel à la reconnaissance d’un disparu et à la souffrance de la séparation.

Thaïs, comment vous est venue l’idée d’une telle initiative?

Quand mon bébé est mort, je me suis sentie tellement seule au monde. En cherchant sur Internet, j’ai trouvé des témoignages de parents et de professionnels. Cela m’a aidée et je me suis demandé comment faire pour que mon entourage et mes proches ne se muent dans le silence. Je pense qu’une marche de sensibilisation veut dire au grand public « oui nous existons, nous, les parents de bébés morts »! Il faut utiliser les mots exacts et reconnaître cette absence pour en faire le deuil. Il est urgent de lever le tabou.Il est bon de se retrouver en empathie avec des personnes, même inconnues, qui vivent la même chose, qui vous comprennent sans juger. C’est aussi un moment pour honorer ces enfants partis trop tôt de nos vies, leur rendre hommage, même après plusieurs années, et pourquoi pas, chaque année, comme une commémoration.

Pourquoi pensez-vous que le est si difficile à vivre? 

De nos jours, beaucoup de bébés sont prévus, attendus. Les parents choisissent de donner la vie et en perdant leur bébé, tout disparaît avec lui: les projets familiaux, les engagements, les aménagements de carrière surtout pour les femmes, les progrès de la science qui donnent l’illusion de repousser tous les dangers. Le deuil périnatal c’est le deuil d’un bébé, le deuil de devenir parent de cet enfant-là, celui d’un couple, le deuil d’un avenir qui se promettait heureux, celui d’un espoir parfois jusqu’au dernier souffle…

Comment gérer ses émotions?

Une émotion commune aux parents endeuillés est le sentiment d’injustice  pourquoi moi? Pourquoi cet enfant? Puis vient la culpabilité: comment aurais-je pu éviter cela? Et si…? La colère, la tristesse, la solitude, parfois le soulagement presque inavoué face à des souffrances évitées… Cela fait beaucoup à gérer en l’espace de quelques jours quand le verdict arrive, non? Et qui va comprendre vraiment ce qui est caché au fond de nous ou ce que nous ne pouvons même pas formuler?  Bien sûr qu’en donnant la vie, on sent qu’on passe proche de la mort mais, c’est si vite oublié lorsque le bébé est là et en bonne santé. Quand le berceau est vide et le ventre aussi… que l’on rentre chez soi seule et que l’on a envie de tout jeter à la poubelle, les échographies, les petits pyjamas, les peluches, comment rester dans la vie de tous les jours et reprendre le dessus? C’est grâce au soutien des proches, du conjoint, des professionnels, par des groupes de paroles, par des forums que l’on peut mettre des mots, peu à peu. C’est donc très important d’être RE-connu, d’avoir une vraie identité de parent, de pouvoir dire le prénom de son bébé « invisible », de dire MERCI aux professionnels qui font un travail formidable de soutien (en allant du corps médical et para-médical au personnel des morgues et pompes funèbres, aux psys, aux thérapeutes, aux praticiens alternatifs, aux bénévoles…), de faire silence ensemble quand les mots sont trop difficiles à prononcer, de sentir une présence bienveillante à ses côtés, de matérialiser par un geste l’absent. Tout le monde est démuni face à la mort d’un bébé mais le pire c’est de ne pas en parler, de faire comme si ce n’était pas arrivé, comme si cet enfant n’avait pas existé vraiment. Mon souhait est que marcher ensemble ce soit aussi tout cela: c’est vivre, car même si le bébé est décédé, sa mémoire est toujours présente dans nos coeurs de parents et nous continuons notre chemin de vie à jamais différent.

Propos recueillis par Corinne Owen

En pratique: Rendez-vous au Bois de la Cambre le 15 octobre à 18h au kiosque à musique. Marche et dépôt symbolique d’un galet représentant chaque enfant. Contact: Thaïs – 0496/67 79 39

http://www.cathobel.be/2015/10/12/15-octobre-journee-internationale-de-sensibilisation-au-deuil-perinatal/