Connaissez-vous les cafés de la mort ?

Natacha Mann

Publié le lundi 30 octobre 2017 à 12h55

Comment aborder la question de la mort, comment en parler sereinement? C’est l’objet des cafés de la mort, un lieu de rencontre où l’on se retrouve pour discuter de ce qui est encore souvent un tabou.

Il est 10h30, le week-end vient de débuter. Une dizaine de personnes se sont donné rendez-vous dans un café bruxellois. Elles ne se connaissent pas mais ont un point commun: toutes ont un jour côtoyé la mort. Certaines l’ont personnellement frôlée, d’autres l’ont rencontrée lorsqu’elle a emporté un de leurs proches et chacune a besoin d’en parler. Elles ont donc décidé de participer à ce qu’on appelle des « cafés de la mort », des rencontres dans des lieux publics durant lesquelles elles peuvent partager leur vécu.

La « réunion » commence et très vite, des témoignages très forts se font entendre. Jany Verbrugge a perdu son mari le 20 octobre 2009. Il s’est fait euthanasier. Pour elle, venir dans un groupe de parole et raconter son expérience est devenu très important. « Ça m’apporte beaucoup d’entendre les autres expériences de vie et de pouvoir exprimer ce que j’ai vécu » affirme Jany.

Ici, chacun est libre de raconter son histoire sans craindre le jugement des autres. Autour d’un café, les témoignages s’enchaînent dans une ambiance détendue. C’est ainsi que Bernard Cretta, sociologue suisse a imaginé le concept de ces rendez-vous il y a une dizaine d’années. C’est lui qui a lancé le mouvement et aujourd’hui, on trouve des « cafés de la mort  » un peu partout dans le monde.

Dans un café de la mort, c’est toujours la vie qui finit par l’emporter
En Belgique, la fondation « La Mort fait partie de la Vie » organise régulièrement ces rencontres dans des cafés. « On s’est rendu compte en écoutant notre public qu’il y avait un besoin de quelque chose de concret et d’une rencontre dans la vie, dans un lieu de société » explique Sebastien Clippe, co-fondateur de la fondation.

Pour beaucoup, ces échanges permettent de se libérer mais aussi de se sentir soutenu. « Quand on a été proche de la mort, il y a une idée de solitude. On se dit que les autres ne peuvent pas comprendre. Mais en fait, il y a tellement de gens qui le vivent et on ne s’en rend pas compte, sauf quand on vient à des réunions comme ça. Je trouve ça super intéressant de se dire qu’on n’est pas tout seul » raconte Camille, une jeune femme de 28 ans qui a souffert d’une grave maladie lorsqu’elle était enfant.

Si au premier abord, parler de la mort autour d’un café dans un lieu public peut sembler étrange, pour les participants, la rencontre a un effet apaisant. Et finalement dans un café de la mort, c’est toujours la vie qui finit par gagner.

https://www.rtbf.be/info/regions/bruxelles/detail_connaissez-vous-les-cafes-de-la-mort?id=9750436