« Puisqu’il avait voulu imiter le mouvement de la vie,
il était normal, il était logique, que l’industrie du film
se soit d’abord vendue à l’industrie de la mort ».
(Jean-Luc Godard, Histoire(s) du cinéma, épisode 2b)

C’est aujourd’hui ! La ville de Cannes s’est parée de son tapis rouge, et toutes les stars du cinéma international se préparent pour ce grand évènement.

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Le cinéma fait toujours rêver, et il continue de sublimer (parfois) nos vies. Mais qu’en est il de son rapport à la mort ?

 Au même titre que la sexualité, la mort a été l’une des «marques de commerce» du cinéma. Elle est un des critères majeurs du succès au «box-office». Si, à ses débuts, le septième art a présenté la mort comme une réalité factuelle, dès la seconde moitié du vingtième siècle, les images de la mort violente y ont proliféré et ont rendu le meurtre ou les tueries des actes plausibles, acceptables ou souhaitables.

Profitons de Cannes, pour faire un petit tour d’horizon de ces films qui ont cotoyé la mort ! Il y en a tellement que c’est difficile de faire un choix, n’hésitez pas à en ajouter dans les commentaires !

Commencons en France par le film de Bertrand Tavernier « La mort en direct » de 1979 avec Romy Schneider et Harvey Keytel . Le producteur de l’émission « la mort en direct » greffe une caméra dans l’oeil de Katherine comdamner par une maladie incurable, pour filmer ces derniers jours. On y voit la réaction de l’héroine face à cette forme de notoriété.

 

 » L’amour à mort «  d’Alain Resnais (1984)

Déclaré cliniquement mort, Simon ressuscite quelques instants après son décès. Bouleversé par cette expérience, dont il parle à un couple d’amis pasteurs, Jérôme et Judith, il retrouve Elisabeth, la femme avec qui il vivait une intense histoire d’amour. Simon, dont la santé est toujours fragile, entend bien profiter pleinement du temps qui lui reste à vivre.

 

Le film belge  » C'est arrivé près de chez vous «  (1992) met en scène une petite équipe de journalistes qui tournent un reportage sur Ben, un homme qui a la particularité de tuer pour gagner sa vie.

Il s’attaque principalement aux personnes de la classe moyenne et aux personnes âgées, préférant « travailler petit mais que ça rapporte beaucoup ». Ce film se veut une parodie cynique de la célèbre émission « Strip-Tease »    (documentaires belges d’un genre nouveau dans lesquels les journalistes s’effacent pour laisser parler les protagonistes seuls et les mettre à nu). Il comporte également de nombreux points communs avec le thriller Henry, Portrait d’un Serial Killer, réalisé en 1986 et sorti en 1990, dont l’usage de la caméra subjective pendant les meurtres, l’humour noir, et les dialogues « décalés ».

Le film use abondamment d'un humour très noir, choquant par sa violence mais contrebalancé par un ton exagérément sérieux rendant le tout burlesque.

 

Beaucoup plus doux et familial  » La dernière fugue «  , un film québécois (2010). Toute la famille Lévesque est réunie dans la maison familiale pour le souper de Noël. Un sujet occupe toutes les conversations : l’état avancé de la maladie de Parkinson qui accable le patriarche, dont la qualité de vie a grandement diminué. Au milieu des disputes et des avis divergents, André, son fils ainé, et Sam, son petit-fils, envisagent d’abréger ses souffrances afin de le délivrer et de lui permettre de profiter encore un peu de la vie. De vieux souvenirs d’enfance et l’amour inconditionnel de sa femme viendront agrémenter ses derniers moments.

 

 Partons aux Etats-Unis, où l’on profite de la mort pour faire aussi des comédies/films d’horreur parfois complètement délirantes ou parodiques.

Le film  » Fantomes contre fantomes «  (The Frighteners 1997) de Peter Jackson raconte la terreur que vit une petite bourgade de Nouvelle Zélande. Un spectre aux allures de faucheuse s’applique à arracher par arret cardiaque la vie de gens pourtant en bonne santé. Le parti pris choisi ici est donc trés traditionnel. La Mort (qui s’averera finalement etre un imposteur) revet l’image que la croyance populaire lui prete communément.

 

 

 

Dans le slasher  » Destination finale «  (2000), une bande de jeune est progressivement décimée par la Mort elle même, celle ci restant immaterielle, abstraite, omnipresente et implacable. Elle se manifeste au travers de menus incidents de la vie de tous les jours, dont la réaction en chaine s’avère fatale.

 

Je pourrais aussi citer  » Rencontre avec Joe Black «  (1998) , où Anthony Hopkins, septuagenaire à la vie bien remplie, reçoit au crépuscule de sa vie la visite de la Mort, celle ci étant incarnée par Brad Pitt. Ce film nous offre une image bien plus humaine de la grande faucheuse. Elle n’est plus l’ennemie ici. Au contraire, elle se montre calme, psychologue, patiente et même curieuse de la vie … elle en vient même à decouvrir et à apprécier le beurre de cacahouette ;-).

 
Et pour finir revenons sur la palmarès de Cannes 2010, car la mort était au rendez-vous l’année dernière !
Tout d’abord le Grand Prix décerné  à « Des Hommes et des dieux ».

Les moines de Tibhirine, ce monastère perdu dans les montagnes d'Algérie, n'avaient pas la vocation du martyre. Simplement, lorsque le danger terroriste s'est fait plus pressant, ils ont choisi de rester sur place, de continuer à témoigner. Témoigner de quoi ? Non de leur foi en Jésus-Christ, bien qu'ils fussent moines cisterciens, car ils ne se livraient à aucun prosélytisme, mais de leur confiance en l'homme. Ils voulaient espérer qu'on ne leur ferait aucun mal, eux qui ne répandaient que du bien autour d'eux. Ils se sont trompés, évidemment, puisqu'ils ont été assassinés, en 1996, dans des conditions qui demeurent aujourd'hui encore mystérieuses.

 

Et surtout ce grand film poétique et émouvant que je vous conseille vivement :

« Oncle Boonmee » de Apichatpong Weerasethakul, Palme d'or.

Les apparitions magiques de sa femme défunte et de son fils disparu depuis des années confirment à Oncle Boonmee que sa fin est proche. Dans son domaine apicole, entouré des siens, il se souvient alors de ses vies antérieures. Accompagné de sa famille, il traverse la jungle jusqu'à une grotte au sommet d'une colline, lieu de naissance de sa première vie.


De cette première vie, Oncle Boonmee ne se souvient de rien, s'il était animal ou végétal, homme ou femme ; mais il sait à présent qu'il est prêt à aborder la mort avec apaisement.

 

 Et vous, quel film souhaiteriez-vous avoir la possibilité de regarder une toute dernière fois ?

Dernier petit clin d’oeil ! voici je pense la pire scène de mort au cinéma !!! :-)

 

A bientôt,

Sandrine pour foruforever