Francois Uzan

Francois Uzan

La biographie

Après une première vie d’ingénieur, je me suis tourné  en 2005 vers le scénario et je suis entré au CEEA (Conservatoire Européen d’Écriture Audiovisuel) à Paris.

J’ai travaillé sur plusieurs projets à la télévision (« Que du bonheur », « Plus belle la vie », « France Kbek », …) et j’ai tourné en parallèle un documentaire au Japon diffusé sur France 2 (« Anne et le Révérend »).
 
Après avoir collaboré aux dialogues de deux comédies pour La Petite Reine (« Le Mac » et « Stars 80 »), j’ai achevé mon premier scénario de long métrage « Les Âmes de Papier », réalisé par Vincent Lannoo avec Stéphane Guillon, Julie Gayet, Jonathan Zaccaï et Pierre Richard, sorti en décembre 2013. 
 
J’ai enseigné à l’ESRA, à la Sorbonne, à Nanterre et au CEEA et je travaille désormais sur deux nouveaux projets de longs métrages : « L’accordeur », réalisé par Christophe Lambert et « On sourit pour la photo », un scénario original de comédie.

L’interview

Quelle est l’origine du concept du scénario – une histoire personnelle liée à la mort ?

En 2008, j’ai réalisé « Anne et le Révérend », un documentaire consacré à Makoto Otsuka, un révérend japonais qui a construit un musée sur Anne Frank au beau milieu de la campagne japonaise. J’avais voulu dédier ce documentaire à Michèle Varadi, une petite fille morte en déportation et à chaque projection du film, je parlais d’elle. Son nom, sa date de naissance, de mort, là où elle habitait… Et un jour, je me suis dit « C’est étrange, je parle de cette petite fille alors je ne la connais pas. Et si un soir, elle frappait à ma porte et me disait « À force de parler de moi, tu m’as fait revenir ?» ». C’est comme ça qu’est née l’idée des « Âmes de Papier ».

Est-ce que vous avez rencontré beaucoup de personnes qui font des éloges funèbres ?

Non. Avant la sortie du film, je ne savais même pas que cette profession existait, mais à l’une des avant-premières, un « auteur d’oraisons » est venu à ma rencontre. J’ai gardé sa carte, mais j’espère ne pas en avoir besoin avant longtemps…

Quelle est votre expérience du deuil (des fantômes qui hantent les vivants) ?

J’ai eu la chance de ne jamais perdre quelqu’un de proche. En revanche mon travail sur la déportation m’a sensibilisé à la question et les derniers mots du « Dernier des Justes » de André Schwarz-Bart m’ont profondément marqué : « Hier, comme je tremblais de désespoir au milieu de la rue, cloué au sol, une goutte de pitié tomba d’en haut sur mon visage; mais il n’y avait nul souffle dans l’air, aucun nuage dans le ciel…il n’y avait qu’une présence ». C’est cette « présence » qui me fascine.

 

Est-ce difficile de parler de la mort au cinéma ? Avez-vous eu du mal à « vendre » le sujet aux producteurs/réalisateurs ?

Parler de la mort au cinéma n’est pas, en soi, compliqué, mais c’est d’en parler sur le ton de la comédie qui l’est. J’ai toujours su que « Les Âmes de Papier » était à cheval sur plusieurs genres : la comédie romantique, le fantastique, le burlesque, le drame… c’est ce mélange des genres qui a compliqué le montage financier du film, non pas pour convaincre Patrick Quinet le producteur ou Vincent Lannoo, le réalisateur, mais surtout pour convaincre les chaines de télévision (qui financent le cinéma). Je crois que l’idée d’une « comédie sur le deuil » leur a fait un peu peur.

Quels sont, pour vous, les meilleurs films qui parlent du deuil et de la mort au cinéma ?

J’ai adoré « After Life » de Kore-Ead sur des morts qui, arrivés dans une sorte de purgatoire, doivent mettre en scène leur plus beau souvenir. J’ai également été très touché par « Grace is Gone » de James C. Strouse avec John Cusack, l’histoire d’un père qui n’ose pas dire à ses filles que leur mère, soldat, vient de mourir en mission, et préfère les emmener dans un parc d’attractions.

Dans ces ceux films, la disparition est traitée de façon décalée, avec pudeur, humour et tendresse.

 

Quels sont vos projets pour la suite ?

Je travaille sur deux nouveaux longs métrages, une histoire d’amour autour de la musique que réaliserait Christophe Lambert et une comédie douce-amère sur la famille que j’aimerais réaliser. À chaque fois, il est encore question de deuil : le deuil de nos illusions, de notre jeunesse… 

Finalement, chaque film est un deuil. Et une renaissance.

Retrouvez l’article que nous avions fait à propos du film  Stéphane Guillon fait revenir les morts !

Découvrez la bande annonce du film « Les âmes de papier »