« …  La perfection est la première marche vers la mort… »

CHARLES DANTZIG – Dictionnaire égoïste de la littérature française.

Une seule phrase introduit ce livre décapant :

«  C’est une honte de se taire, et de laisser parler les barbares »…..

(Diogène – IIIe s. apr. J.C. écrivain grec)                                                              

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 Les vivants sont morts

Romancier, essayiste, poète, éditeur, Charles Dantzig est né à Tarbes le 7 octobre 1961.

Iconoclaste, il brouille les cartes pour revisiter la littérature. Il bouscule tous les « a priori ». Il veut une approche vierge.

Il nous fait comprendre que la seule façon d’être vivant est de remettre en question ce que « les autres » ont toujours pensé et surtout ce que nous pensons nous-mêmes.  Mais ne nous y trompons pas, cela ne signifie pas pour autant que « les autres » ont nécessairement tort, ou que nous pensons mal.

C’est de l’individualité, de la profondeur de notre questionnement, que jaillira l’étincelle de vie, de notre vie.

Car s’il est clair que mourir n’arrive qu’aux vivants, encore faut-il être en vie !   

Mais, ce n’est pas si simple ! Il nous faut « cogiter ».

« Je pense donc je suis ». « Cogito Ergo Sum ». (Descartes).

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Nous commencerons par la lettre M.  Soyons désordonnés !

Lettre M : morts, vivants.

Les vivants sont morts. Les morts sont vivants.

« Pitié pour les vivants…. Les vivants, c’est nous !

Il est facile d’aimer les morts ! Ils ne nous contredisent jamais, bien rangés qu’ils sont, eux et leurs désordres mêmes, définis, classés, sans surprise.

Les morts ont tous les avantages, à commencer par celui d’être morts. Ils sont complets, prêts à l’étude.

Nous nous occupons d’eux, avec délicatesse, avec amour, avec passion.

Et eux ? Oh, il n’y a pas plus égoïstement repu qu’un mort.

Les morts ne font rien pour nous. Nous nous tuons pour eux. Sans un geste, ils nous regardent. Mauvais parents !

Il est facile de parler des morts avec la supériorité des vivants, la légèreté que donne la vie. Les morts sont paralysés dans la tombe, sans pouvoir se défendre.

Nous vivons des morts. Nous pompons leur art, leurs découvertes, exhibons leurs malheurs, trouvons des raisons misérables à leur bonheur.

Nous ne nous rendons pas compte que nous sommes les futurs morts. Sots vivants !

Les vivants sont morts, les morts sont vivants. Il n’en reste que des chansons.

Il n’y a pas de morts, il n’y a pas de vivants, il y a des livres. « 

 

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Lettre D : décadence et mort d’un écrivain :

« Je me demande s’il n’existe pas un phénomène de survie de certains écrivains dans d’autres, qui en perpétuent involontairement certains éléments esthétiques, lesquels se transmettent à leur tour jusqu’à disparition complète, laquelle détermine la mort réelle de l’écrivain »….

Lettre Z :  comme Zoo. La dernière définition du Dictionnaire Egoïste de Charles Dantzig :

« Eh, bien, les enfants, c’est l’heure de la fermeture. Mon troupeau d’écrivains s’en va rentrer à l’étable, et mes lionnes d’idées rôder de nuit dans la savane. Elles égorgeront quelques innocents par erreur : pardonnez-les, l’esprit assouvit ses instincts sordides dès que notre brave corps endormi ne les surveille plus.

Demain, elles sortiront du méchant territoire du rêve. Se redressant et essuyant le sang des lèvres, elles entreront, humaines, dans le gai domaine de la raison. Les empreintes dans la terre sèche formeront un poème, un roman, je ne sais quel gribouillage… » »

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Vous trouverez facilement les œuvres de CHARLES DANTZIG. Notamment chez Grasset et les Belles Lettres :

Romans : Un film d’amour, Nos  vies hâtives, Confitures de crimes,  etc…

Poèmes : En souvenir des long-courriers, Bestiaire, etc…

Essais et traductions (de Francis Scott Fitzgerald, Oscar Wilde…)

Et bien d’autres.

Encore une chose …. : on nous serine à longueur de journée :

 » Manger, bouger ! Manger, bouger !

Rien ne vous choque ?

Et le cerveau dans tout ça !!!!!! »

Article par Vivianne Casolari