Peut-être, penserez-vous  » Bianciotti, mon ami! » Comme elle va fort ! »

Si vous vous reportez à « PAVANE POUR UNE MERE DEFUNTE », j’écris dans ma préface :

« Nous avons chacun, chacune, notre vécu avec Elle, dans l’intimité de notre âme, et qui nous appartient. Nous sommes libres dans notre relation avec l’Autre, mort ou vif, et libre de traduire cette relation ». 

Que nous le voulions ou non, nous avons une relation intime avec l’auteur du livre que nous lisons. Notre implication est toute personnelle. La compréhension de la parole de l’auteur, fait que ce livre devient nôtre, par la même occasion son auteur aussi. 

Une très belle définition de LAWRENCE DURELL (écrivain britannique 1912-1990), à  ce sujet  :

 » Le livre ne perdra pas sa place, ni sa valeur, car il permet une communication privilégiée entre deux âmes et le lien qu’il forge est vital pour la culture du corps et de l’esprit et par conséquent pour l’Homme!

Pas mal !  Non ? 

  Bbianciotti 5

Après le séminaire, où l’attendent pêle-mêle, amitiés particulières, musique, livres, découverte de la langue française, Hector Bianciotti,  d’origine piémontaise, quitte vers l’âge de 25 ans la Pampa argentine, sa Pampa ! Car, qui a connu la Pampa, la traîne pour toujours derrière lui. Immense,  obsédante,  surtout poussiéreuse, dont les grains de poussières craquent longtemps sous la dent. On y acquiert un tempérament certain, ou, on en meurt.

Il voyage en Italie, en Espagne, dans des conditions extrêmes. Gagne la France, tombe sous son charme et épouse la langue française, pour notre plus grand bonheur. Plus tard, il est naturalisé français, et deviendra membre de l’Académie Française.

Celui qui a écrit :

 « Il m’est arrivé d’avancer que l’on peut se sentir désespéré dans une langue et à peine triste dans une autre …. »

Se sent-il moins triste en français ?

Quoiqu’il en soit, Hector Bianciotti, analyse sans faiblesse, sans concession,  la profondeur de la nature humaine. La plus grande des inquiétudes d’un écrivain, n’est-elle pas de traduire, sans la trahir, le plus justement sa pensée. De trouver les mots exacts pour qu’ils  s’acheminent  lentement mais sûrement vers leur destination : la pensée et le coeur du lecteur. 

Bianciotti n’écrit pas de livres sur la mort, mais dans ses livres, la vie et la mort, indissociables, se côtoient. Chacun sa place. La part de la Vie, la part de la Mort. Pas de jaloux !

J’ai retenu pour vous deux passages de « CE QUE LA NUIT RACONTE AU JOUR » :

« Il arrive que l’on se sente hélé de tous côtés par les morts et que l’on ne comprenne pas ce que nous pouvons faire pour eux. Entourés de néant, ils nous regardent, ils attendent, ils espèrent. » »

Et celui qui  termine ce livre :

« Il savait que l’on n’est pas souvent fier d’appartenir à l’espèce, laquelle est aveugle et sans pitié. Mais il se dit et c’est là, où nous nous quittons, que quoi qu’il advînt des rivages encore indiscernables, la misère et l’échec et même la mort, tout serait enfin, et pour toujours en l’honneur de la vie «  ».

Et deux extraits de  » LE PAS SI LENT DE L’AMOUR » :

 « On vit dans l’illusion d’être immortel quoi qu’on en pense, le jour décline, les heures nous sont comptées »

« On ne commence jamais trop tôt à dire adieu; vivre exige de ces négligences. »

BIANCIOTTI 3

– « Il ne restera pas l’être, mais l’image; Même pas son reflet,

Le reflet de cette allumette, qu’un passant a grattée la nuit,

Les ossements seuls, parviennent au pays des morts où tous les hommes sont également intéressants, où sous n’importe quelle pierre tombale dort et s’efface syllabe après syllabe la mémoire du monde ».

Et je vous « gâte » avec ce petit dernier,  extrait de : « LA NOSTALGIE DE LA MAISON DE DIEU » :  

TANT IL EST VRAI, QUE CELUI QUI A ETE,  A UN MOMENT DE SA VIE, UN CROYANT SINCERE ET QUI NE L’EST PLUS,  TOUT AUSSI SINCEREMENT, RESTE POUR TOUJOURS NOSTALGIQUE DE LA MAISON DE DIEU, SON PARADIS PERDU !

Revenons à nos moutons, voici l’extrait :

«  »Encore une fois, je me disais que c’est trop peu ce que l’on ressent devant la mort des êtres aimés. On reste de ce côté-ci de la vie, incapable de concevoir le sentiment qu’éprouve celui qui va passer le dernier seuil.

Impossible d’assimiler sa mort, de la partager par la pensée.

Une fois accomplie, la mort n’est que l’impression qu’elle produit sur le témoin : on ne réussit pas à retenir l’idée, que la peur de mourir, c’est d’être jeté dans un état où il ne nous faudra que subir, que tolérer.

Au fond, tout au fond de nous, derrière les pans des ténèbres où loge à notre insu par moment, la conscience – quand absent à nous-mêmes, la pensée s’en va par des chemins de traverse, peut-être la conscience dialogue-t-elle avec le dieu et cueille-t-elle des certitudes, la date de notre mort et que l’âme survit, mais la surprend-on, notre conscience ? L’écran de sa vision est vide et elle éclate de rire.«  » 

Dur, mais dans cette rubrique, vous n’aurez pas à vous contempler dans un miroir aux alouettes.

Accrochez-vous, car ce ne seront pas les derniers extraits d’ Hector Bianciotti !

Je vous promets encore du plaisir.

COURAGE ! LA LUCIDITE NOUS MENE SUR LES CHEMINS DE LA VERITE. 

ET N’OUBLIEZ PAS : PUISQU’IL NOUS FAUT BIEN MOURIR, IL NOUS FAUT BIEN VIVRE !

On trouve les livres de cet auteur en FOLIO (entre autre bien sûr)

Portez-vous bien  et à dimanche prochain.

Par Vivianne
– La mort fait partie de la vie – 

Photos : http://www.parismatch.com/Culture/Livres/Hector-Bianciotti-est-decede-mardi-des-suites-d-une-longue-maladie-156195 © JERRY BAUER / MaxPPP