On ne compte plus le nombre de film amateur périnatal présentant le nouvel arrivant et plus incroyable encore, le nombre de vues, de votes et de commentaires sur ces hymnes à la vie. Le mot est passé, les nouveaux médias permettent aujourd’hui de partager ce qui, hier, était du domaine du privée. Immanquablement, la mort est de la partie générant polémiques et émotions parfois violentes.

Quelles sont les réactions et conséquences de cette auto-médiatisation de fin de vie?

Envie de reconnaissance, partage d’une souffrance ou excentricité, narcissisme? 

 

Pour répondre à ces questions, nous nous intéresserons à quatre fins de vie biens différentes de par leur moyen de médiatisation, vécu et but de transmission.

 

 

De l’impudeur à la pudeur

Cette première oeuvre est bien plus ancienne que les suivantes et fut retransmise non par internet mais grâce à la télévision.

 

En 1991, Hervé Guibert auteur/réalisateur est atteint du Sida. C’est par son verbe recherché qu’il nous intègre dans une réflexion métapsychologique sur la maladie et la mort, complétée par l’image de s

on propre corps décharné exprimant ce que les mots ne peuvent.

« Le processus de détérioration amorcé dans mon sang se poursuit de jour en jour… Bien avant la certitude de ma maladie sanctionnée par les analyses, j’ai senti mon sang tout à coup découvert, mis à nu comme si un vêtement l’avait toujours protégé sans que j’en ai conscience. Il me fallait vivre désormais avec ce sang dénudé et exposé, à toute heure, dans les transports publics, dans la rue quand je marche, toujours guetté par une flèche qui me vise à chaque instant…

Est-ce que ça se voit dans les yeux? » 

Alors que peu de personnes rendaient leur maladie public, il fut parmis ceux qui soulevèrent le tabou… un premier pas vers l’allocation de fond pour la recherche contre le sida.

65_REDROSES

Eva Markvoort est morte le 27 mars 2010 de la Mucoviscidose. Du 15 juillet 2006 au 25 mars 2010, elle partagea avec poésie son amour pour la vie. Par le biais de son blog, elle pu rester « connectée » au monde et trouver du soutien dans la maladie puis dans l’approche de la mort. En effet, bien qu’entourée d’amis et d’une famille aimante, ceux-ci ne pouvait être toujours présent. 

De son histoire touchante, elle donna naissance à un mouvement proactif en faveur du don d’organe. Et même après sa mort, ces actions se perpétuent en sa mémoire. Notons le 65_redRoses Benefit Concert, le 11 février prochain en Colombie-Britannique dont les fonds relevés iront à la Canadian Cystic Fibrosis Foundation.

 

 

 

Jade Goody

Jade Goody photo

Jade Goody, devint une célébrité de la télévision par le biais de Big Brother 3. En 2008, elle participe à Bigg Boss (équivalent de Big Brother en Inde) mais dès le deuxième jour de show, elle apprend et révèle au public qu’elle est atteinte d’un cancer. Mère de deux enfants en bas âge, elle décida de subvenir à leur besoin en médiatisant et ainsi monétisant sa maladie.  

Malgré que cet élan puisse trouver tout son fondement dans l’amour d’une mère pour ses enfants, la polémique est de mise. En effet, selon la BBC, Jade possédait déjà plusieurs millions sur son compte en banque.

Face aux accusations de certain, elle répond :

« Je ne veux pas que mes enfants aient la même enfance que moi, misérable, délabrée par la drogue et la pauvreté. J’ai passé ma période d’adulte à parler de ma vie, la seule différence c’est que je vais maintenant parler de ma mort. Je sais que certains vont être choqués, mais j’en suis à un point où ce que pensent les gens ne me fait plus ni chaud ni froid ».

Volontairement ou non, son action permit une augmentation de 20% du nombre de femmes effectuant un dépistage du cancer du col de l’uterus en Outre-Manche. 

 

<Note de l’auteur : Une partie de cet article concernant le film TABOU a été supprimée à la demande de sa réalisatrice, Orane BURRI>

 

Parler de la mort : un petit pas pour l’homme et un grand pas pour l’humanité.

Chacune de ces histoires provoqua de vives réactions dont les premières étaient généralement loin d’être positives, beaucoup hurlant au scandale, créant la polémique. En effet, la foule fait appel à certaines valeurs (pudeur, respect de la vie privée…) qui engageraient chacun à être discret au moment de sa mort. Elle semble vouloir se protéger en rejettant la réalité de la mort plutôt que de prendre du recul sur sa finitude.

Cependant, dès lors que ces témoignages sont motivés par un désir honnête, porteur de sens ; la colère de la foule laisse la place à la compassion et c’est avec le coeur qu’elle s’exprime. Et souvent, cela donne naissance à des mouvements de solidarité extraordinaires, des consciences qui s’éveillent.

C’est sur ce point que je souhaite attirer votre attention :

Lorsque l’on « accepte » la mort, que l’on dépasse ce rejet confortable, les différences tombent et l’échange créé est d’une rare véracité. Je ne dis clairement pas que chacun devrait filmer ses derniers instants, seulement que lorsque la mort n’est plus un tabou, l’Homme est capable de grande chose.

 

Quoi qu’il en soit, ces récits de fins de vie auront toujours plus de poids que des campagne de prévention face à la maladie et au suicide.

 

Bien à vous,

Jérémy

Pour aller plus loin : 

Hervé Guilbert

http://www.toujoursuncoupdavance.com/2009/11/%E2%80%A2-la-vie-est-cette-horreur-merveilleuse/

http://www.cairn.info/revue-cliniques-mediterraneennes-2001-2-page-253.htm

Eva Markvoort 

http://65redroses.livejournal.com/

http://www.65redroses.com/?page_id=585

Jade Goody

http://www.20minutes.fr/article/313347/People-Jade-Goody-est-morte-avec-beaucoup-de-courage.php

http://www.psychoenfants.fr/fichiers/actus999.php?idc=fr_Jade_Goody_est_decedee_4438