Bonjour à tous!

Voici un extrait de l’article de Gabrielle Duchaine publié sur ruefrontenac.com. 

Mourir dans la dignité, la vie dernière des histoires de mort

« Mon mari avait fait des démarches pour aller finir sa vie en Suisse, où l’euthanasie est permise, mais il a changé d’idée. Il ne voulait pas que j’aie à ramener son corps toute seule jusqu’au Canada. »

 

Le 9 juin 2010, Laurent Rouleau, 59 ans, atteint d’une forme avancée de sclérose en plaques, s’est finalement tiré deux balles dans le ventre. Il venait de passer trois ans à chercher un moyen médical pour mettre fin à ses jours. En vain.

Deux mois plus tard, dans une salle d’un hôtel de Montréal, Sylvie Coulombe racontait devant la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité comment son défunt époux avait voulu à tout prix trouver un moyen de mourir avant d’être emprisonné dans son corps.

 

Des histoires comme la sienne, les membres de la Commission, qui tient sa dernière journée d’auditions le 22 mars, en ont entendu des centaines.

L’exercice de consultation le plus populaire de l’histoire de la province est bientôt terminé. Triste hasard, c’est au moment où les mauvaises conditions de vie en CHSLD font les manchettes que les commissaires doivent rédiger des recommandations au gouvernement, prévues pour l’automne, sur une des questions les plus sensibles pour les Québécois : la mort.

 

« On a dû mettre toutes nos idées de côté pour accueillir toutes les positions » dit la présidente, Maryse Gaudreault, qui avoue que son opinion sur la question a changé plus d’une fois en cours de route.

Devant elle et ses collègues, des malades et leurs proches se sont mis à nu. Libres de toute pudeur, leurs témoignages, tantôt très émotifs, tantôt déterminés, ont dévoilé les détails les plus intimes de leur tragédie.

 

Des centaines de cris du c?ur

 

Lors des auditions de Montréal, une femme de 65 ans aux prises avec le syndrome dégénératif musculaire post-polio a avoué qu’elle haïssait son corps comme on hait une personne.

 

Un homme accompagné de ses filles a raconté, la gorge nouée, comment il a autorisé en 2007 qu’on débranche de son respirateur son épouse, victime d’une maladie neurologique.

 

« Ma femme nous a quittés au moment qu’elle a demandé et dans des circonstances qu’elle a aidé à établir autour d’elle. Elle aurait voulu être des nôtres encore longtemps, mais cette décision ne lui appartenait pas tout à fait. La maladie qui l’affligeait lui a imposé des échéances. »

 

En tout, ce sont près de 340 groupes et individus qui se sont adressés à la commission itinérante, qui s’est arrêtée dans huit villes au cours des sept derniers mois.

 

Peut-on aider une personne condamnée à mettre fin à ses jours ? L’euthanasie et le suicide assisté doivent-ils être punis par la loi ? Jusqu’où peut aller un médecin pour alléger les souffrances d’un patient ? Qu’est-ce que mourir dignement ? Les questions étaient nombreuses, les réponses l’ont été encore plus.

 

« Des gens ont ri, d’autres ont pleuré ou se sont mis en colère, dit Maryse Gaudreault. C’est un sujet très chaud dans lequel il n’y a pas de zones grises. C’est tout noir ou tout blanc. » La tâche est colossale pour les commissaires, qui ont entendu des centaines de positions différentes, généralement crédibles, et doivent maintenant trancher.

 

Divergences d’opinions

Alors que le Collège des médecins a ouvert la porte à l’euthanasie sous supervision médicale et dans le cadre des soins de fin de vie, des médecins membres du réseau Vivre dans la dignité ont déclaré que cette technique n’était pas nécessaire, et qu’elle était même dangereuse.

 

 

Des groupes communautaires, dont l’Association féminine d’éducation et d’action sociale, ont mené de larges sondages avant de demander à la Commission de l’aide médicale pour tous ceux qui désirent abréger leurs souffrances en mettant fin à leurs jours, qu’ils soient en phase terminale ou qu’il leur reste plusieurs années à vivre avec une maladie incurable. D’autres, comme le Réseau des soins palliatifs du Québec, se sont prononcés férocement contre une telle approche. Le fouillis.

 

« Il faudra trouver une façon de répondre à tous ces gens qui se sont ouverts à nous pour que chacun se sente partie prenante du rapport. Nous avons une grande responsabilité que nous acceptons avec beaucoup de sérieux », dit Mme Gaudreault.

 

Déjà, les attentes sont grandes. À l’image des prises de position divergentes, chacun souhaite des recommandations différentes.

 

« J’ai l’impression qu’il y a plus de gens contre, mais je reste optimiste parce que plusieurs groupes importants sont pour », dit la présidente de l’Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité, Hélène Bolduc, dont le groupe a déposé un mémoire.

 

« Le problème, c’est que ça prend toujours plus d’énergie pour faire changer les choses que pour garder le statu quo. » Elle espère un rapport favorable à l’euthanasie.

 

Par Gabrielle Duchaine

 

 

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Bien à vous,

Jérémy 

— La mort fait partie de la vie —