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Cet été partons à la découverte de la mort dans le monde !

Rites, croyances, culture, traditions, … c’est comment la mort ailleurs ?

Deuxième étape du tour du monde de la mort

La Russie

Un peu d’histoire …

Les Kourganes.

Les steppes invitent au rêve : infini du tapis herbeux que viennent entailler des fleuves géants, notamment en Sibérie ; montagnes qui enferment des minéraux précieux comme lapis-lazuli, turquoise, jade, cuivre, étain et or ; animaux rares comme l’antilope saïga, le mouflon de Marco Polo, le léopard des neiges, le mouton à queue grasse, le grand cerf naral, et le fameux cheval de Przewalski.

Ecoutons un instant Tolstoï : « Les kourganes dans la plaine russe sont des mamelons, des monticules, tantôt d’origine naturelle, tantôt façonnés par les hommes. Suivant la tradition, ils servirent de postes de veilleurs et les bûchers qu’on y allumait avertissaient les intéressés de l’approche de l’ennemi. En outre, dans nombre d’entre eux, l’on a découvert des sépultures antiques, des armes, des ustensiles? ».

En fait, la culture matérielle de ces hommes ? Scythes, Sauromates de la Volga, Saces d’Asie centrale au Nord-Est de l’Iran, habitants de l’Altaï et de la Sibérie – révèle une homogénéité dans le mode de vie (guerrière), l’exploitation de la steppe (nomade ou semi-nomade), le traitement des morts (tombes collectives sous tumulus).

Certaines descriptions fines des kourganes distinguent les tombes à fosses ou à puits, dans le bassin de la Volga (3600 av. J.-C.) où l’on élevait le cheval et où on l’utilisait pour tirer des chars ; les tombes à cistes (corbeilles) ; les tombes à catacombes ; les tombes à charpentes, cabanes ou huttes (1800 av. J.-C.). 

Les kourganes sont particulièrement nombreux au nord de la mer Noire (Russie méridionale et en Ukraine), mais on en trouve également dans tout l’est de l’Europe. Ils ont été laissés par une population qui vivait dans cette région au Néolithique, entre les Ve et IIIe millénaires av. J.-C.

 

 

Le tour du monde de la mort ! 2e étape : La Russie

 

 

Des kourganes ont également été laissés dans cette même région par les populations héritières de ces Proto-Indo-Européens, qui étaient notamment proto-indo-iraniennes, puis iraniennes et en particulier scythes. Les tumulus de grande dimension étaient ceux de rois. Plus à l’est, au Kazakhstan, ils pouvaient atteindre 200 mètres de diamètre. Ces imposantes tombes datent du Ier millénaire av. J.-C.

 

Le rituel funéraire orthodoxe 

Vivre dans la pensée de la vie à venir

D’importantes communautés orthodoxes se sont formées en France, depuis le début du XXème siècle, principalement à la suite des grandes vagues de migration. De ce fait, les églises s’organisent localement dans les pays où elles s’implantent. Mais il faut, avant tout, savoir que les Orthodoxes sont des Chrétiens à part entière dont les croyances sont très proches de celles de la religion catholique. Ils reconnaissent 7 sacrements et le clergé est organisé de façon similaire à celui des Catholiques.

Lorsque survient un décès, parmi les fidèles, il est de coutume de prévenir la famille et le pope (que l’on nomme prêtre, contrairement à une idée reçue). Une toilette rituelle est pratiquée en respectant les traditions du pays dans lequel le fidèle a été accueilli.

Il existe deux sortes de morts pour les Orthodoxes. L’une est appelée agonie, lorsque l’individu s’accroche à son enveloppe charnelle et refuse d’affronter le départ, l’autre est la dormition, lorsque le mourant vit cette épreuve comme un passage auquel il s’est préparé.

Tout comme pour la religion catholi
que, la mise en bière est effectuée par les employés des pompes funèbres en présence d’un représentant religieux. Les soins de conservation et les fleurs sont autorisés, mais la crémation est interdite.

Le tour du monde de la mort ! 2e étape : La Russie

Un rituel en trois étapes

Il est d’usage de déposer, sur la poitrine du défunt, une icône représentant le Christ ou la Vierge Marie, avant la fermeture du cercueil. Mais ce peut être aussi une simple croix. Quant au choix du cercueil, il est laissé à l’appréciation de la famille et sera, en principe, orné d’une croix sans représentation du Christ. Le corps repose sur le dos, les mains jointes sur la poitrine. A signaler qu’à l’instar de tous les rites chrétiens, le rituel funéraire orthodoxe comporte trois étapes spécifiques.

Le prêtre prononcera, tout d’abord, une prière, au moment de l’enlèvement du cercueil. Que celui-ci soit au domicile ou en chambre funéraire. Puis, la bière sera transportée jusqu’à l’église, traditionnellement ouverte, mais généralement fermée pour des questions légales.

Durant l’office, les prières, mais aussi les fleurs et les bougies sont présentes pour symboliser l’entrée de l’âme dans le monde illuminé des esprits. Le pope répand de l’encens et verse l’huile consacrée sur le front du défunt.

Pour les Orthodoxes, l’âme met, en moyenne, trois jours avant de se séparer définitivement du corps. L’enterrement ne pourra donc pas avoir lieu avant ce délai. Puis, l’esprit du défunt peut entamer son ascension vers Dieu, une ascension qui durera quarante jours. Il s’agit pour l’âme de se purifier avant de paraître devant le créateur. Elle pourra alors entrer au Paradis, c’est-à-dire vivre dans la présence de Dieu ou, au contraire, connaître l’enfer, c’est-à-dire être séparée de son créateur.

Après la cérémonie, le corps est conduit à sa dernière demeure, dans une sépulture ornée de la croix orthodoxe. Parfois, ces croix contiennent un petit réceptacle qui peut accueillir une lampe.

Vivre dans la pensée de la vie à venir, renaître à la vie nouvelle : toute la philosophie de l’Église Orthodoxe est orientée, comme pour l’ensemble des croyances chrétiennes vers l’espérance d’une vie meilleure après la mort. Une vie de sérénité auprès du Seigneur.

Le cimetière de la Présentation de la Vierge (Vvedenskoïe kladbichtche) à Moscou

Le cimetière de la Présentation de la Vierge (Vvedenskoïe kladbichtche) est un cimetière de Moscou, réservé au début de sa fondation aux chrétiens non-orthodoxes. Il est aussi appelé le cimetière allemand. Il se situe dans le quartier de Lefortovo.

Le tour du monde de la mort ! 2e étape : La Russie

Ce cimetière de 20 hectares a été nationalisé en 1918 et accueille depuis les dépouilles de défunts d’autres religions, majoritairement orthodoxes, ou athées.

Un carré français qui appartient à la République française s’y trouve. Il abrite en particulier les monuments funéraires des pilotes français du Normandie-Niémen.

Le cimetière est fondé après un oukaze impérial de 1771 interdisant, comme d’ailleurs ce sera le cas en Europe, les inhumations dans les églises et près des églises, à cause des épidémies.

Le cimetière se trouve alors à la limite de la ville, près de la prison de Lefortovo.

Le cimetière accueille aussi tout au long du xixe siècle des tombes de soldats étrangers, les Français de la Grande Armée de 1812, dont un obélisque érigé en 1889 par la république française rappelle le souvenir, des Autrichiens, des Allemands, des Baltes ayant combattu dans l’armée russe, ainsi que des soldats de l’Empire d’autres confessions (Polonais, Germano-baltes, etc.) On remarque aussi les tombes de prisonniers allemands et autrichiens de la Première Guerre mondiale.

Ce cimetière est célèbre pour les Russes, pour abriter la dépouille de François Lefort (compagnon de Pierre le Grand qui donna le nom au quartier) exhumée d’un cimetière démoli au xixe siècle pour être placée ici, ainsi que celle du général Patrick Gordon, ami du tzar, replacée en 1877. 

 Jouer avec la mort … la roulette russe un jeu mortel toujours d’actualité !

La roulette russe est un jeu de hasard potentiellement létal consistant à mettre une cartouche dans le barillet d’un revolver, à tourner ce dernier de manière aléatoire, puis à pointer le revolver sur sa tempe avant d’actionner la détente. Si la chambre placée dans l’axe du canon contient une cartouche, elle sera alors percutée, et le joueur mourra ou sera blessé.

L’histoire du jeu n’est pas connue avec certitude. Mais il existe des indices dans la littérature russe. Par exemple un jeu nommé « Cuckoo ». L’officier russe est debout sur une table ou une chaise dans une pièce sombre. Lorsque les autres, présents, se cachent et crient « Cuckoo », il tire avec un Nagant 95. A noter que cette arme contient 7 balles.

Il est également fait référence à un duel organisé par des officiers russes à propos d’une jeune femme courtisée par deux d’entre eux.

John Bushnell, spécialiste de l’histoire russe et professeur à l’Université du Northwestern (Illinois, États-Unis) cite deux livres faisant indirectement référence à ce jeu, Le Duel (1905) et De l’aigle au drapeau rouge (1921).

Récemment au cours d’un mariage en Russie, une séance de roulette russe a tourné au drame sous le regard horrifié des invités. Un homme a été gravement blessé, peut-on lire dans le Daily Mail.

Lors de son speech, l’un des invités saisit une arme pour jouer à la roulette russe, assurant cependant que le pistolet n’est pas chargé. Il met l’arme sur sa tempe et appuie sur la gachette. Jusque-là, tout va bien.

Mais alors qu’il tend l’arme à un autre convive, le jeu tourne au drame. Tandis que celui-ci fait mine de se tirer une balle dans la tête, le coup part et l’homme s’effondre après qu’une balle ait atteint son crâne. La vidéo du drame a été diffusée sur le net. 

Quand la Mort inspire les grands écrivains russes

« La Mort d’Ivan Illitch  » (1886) est une nouvelle courte mais extrêmement importante dans l’oeuvre de Tolstoï. Dans ce livre, l’auteur présente avec une minutie et une précision terrifiantes l’ agonie et la mort de son personnage.  

 » Juste à cet instant lvan lllitch tomba, aperçut la lumière et découvrit que sa vie n’ avait pas été ce qu’ elle aurait dû être, mais que cela pouvait être encore réparé. II se demanda :   » Qu’est-ce que cela ?  » et

s’ apaisa, tendant l’ oreille. Alors il sentit que quelqu’ un lui baisait la main. Il ouvrit les yeux et regarda son fils. ll en eut pitié. Sa femme s’approcha de lui. Il la regarda aussi. Elle le dévisageait avec désespoir, la bouche ouverte, ses joues, son nez mouillés de larmes.

 

« Oui, je les tourmente, pensa-t-il. lls ont pitié de moi ; mais il vaut mieux pour eux que je meure. »
Il voulut le leur dire, mais n’ en eut pas la force.

« D’ ailleurs, pourquoi parler ? songea-t-il. ll faut le faire. » 

Un juge de la haute société russe, sur le point de mourir, prend conscience de la vanité de sa vie. Inspiré par la grâce, il apprend enfin ce que sont le pardon et le véritable amour.

Le grand écrivain russe a toujours été angoissé par la mort et, dès 1874, il subit une grave crise morale et philosophique qui influencera toute son oeuvre à venir, et notamment  « La Mort d’ Ivan Illitch ».

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Léon Tolstoï (1828-1910) – Photographié par Sergueï Prokoudine-Gorski

Et maintenant ?

Sorti cette année, le film « Le Dernier Voyage de Tanya » : un voyage envoûtant aux confins de l’histoire russe.

Rencontre avec deux hommes mûrs transfigurés par la tristesse, réunis par la poésie d’un rituel de deuil immémorial. On est en Russie, où la mélancolie est parfois si voluptueuse qu’elle en devient désirable. 

Le récit est mené, en voix off, par Aist, quelque part depuis un futur indéterminé, surplombant les événements sans jamais les déflorer. Ce choix de narration ouvre à l’intériorité en même temps qu’il introduit une distance qui trouvera son explication à l’extrême fin du voyage. Signé par un réalisateur de 44 ans inconnu en France, Le Voyage de Tanya est un film saturé de beauté et de mystère. 

La beauté, c’est le mouvement lent qui emporte ces deux hommes entre les vestiges de la culture meria et le dernier hommage qu’ils vont rendre à une femme adorée. Le fleuve, avec ses majestueux lacis, son envoûtante profondeur, fait tenir ensemble le passé et le présent, la vie et la mort. 

Révéré telle une source d’immortalité par la civilisation païenne de ce peuple ancien, il accueillera les cendres du corps de Tanya que les deux hommes, sur sa rive déserte, auront fait amoureusement brûler.

 

Russie: pour la première fois, une cérémonie de crémation diffusée en ligne 

Pour la première fois sur la toile russe, une cérémonie d’adieux en ligne a été organisé en 2010 au crématorium de Novossibirsk, a annoncé le porte-parole du musée local d’histoire des pompes funèbres, Alexeï Kochliakov.

« Plusieurs webcams seront installées dans le crématorium. Elles retransmettront de la vidéo en direct par un canal sécurisé vers la Pologne et les Etats-Unis où se trouvent les proches du défunt », le Polonais Janusz Kolodzieczak, décédé le 17 juillet dans le Transsibérien alors qu’il se rendait à Vladivostok, a indiqué le porte-parole.

Le tour du monde de la mort ! 2e étape : La Russie

La position orthodoxe face à la crémation des corps 

La crémation des corps ne fait pas partie des traditions des trois religions du Livre et elle n’a fait son apparition dans nos pays que récemment: en France elle n’est autorisée que depuis la fin du XIX (loi du 15 novembre 1887 sur la liberté des funérailles) et, en Russie, elle a fait son apparition après la révolution bolchévique (remarquer le style stalinien du premier crématorium sur la photo). Mais cette pratique est de plus en plus usitée: 

– En France le taux de crémation approche 28% en 2007 selon l’Association française d’information funéraire (AFIF), alors qu’il était 1% en 1979, et 51 % des personnes interrogées désirent des obsèques avec crémation (19 % en 1977-1978).

– En Russie, après la période soviétique qui en a fait un moyen de lutte contre la religion, les chiffres sont encore plus
importants: d’après le site d’information sur les obsèques de Moscou, cette pratique représenterait prés de 60% des obsèques à Moscou, et ce chiffre croitrait principalement du fait de manque de place dans les cimetières et du coût élevé des enterrements. 

Un article d’Intefax d’août dernier indique que le nombre de crémations croit aussi à Minsk (il représente 1/3 des enterrements), et donne des informations sur l’accompagnement religieux: les adeptes des religions orientales accompagnent le défunt avec des cierges et des rites jusqu’à la mise à la flamme, en regardant l’incinération par le hublot. Des prêtres orthodoxes acceptent aussi d’accomplir l’office funéraire (?????????), même si l’Église réprouve la crémation et parle de « rite païen ».

A la semaine prochaine !! Nous partirons en Inde … :-)

Sandrine
La mort fait partie de la vie

Sources :

http://www.7sur7.be/7s7/fr/1505/Monde/article/detail/1083541/2010/03/23/Une-seance-de-roulette-russe-tourne-au-drame-video.dhtml

http://fr.wikipedia.org/wiki/Cimeti%C3%A8re_de_la_Pr%C3%A9sentation_(Moscou)

http://fr.rian.ru/russia/20100726/187125541.html

http://www.laprovence.com/article/conseils/le-rituel-funeraire-orthodoxe

http://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/11/02/le-dernier-voyage-de-tanya-voyage-envoutant-aux-confins-de-l-histoire-russe_1434326_3476.html