C’est quoi la Toussaint ?
Et voilà c’est de nouveau La Toussaint … certains d’entre nous vont aller se recueillir sur les tombes de leurs proches, d’autres vont penser à leurs défunts, et puis les enfants vont profiter d’Halloween pour se déguiser en zombies et morts-vivants … et récolter des bonbons 😉
Mais d’où vient cette tradition ? Qu’est ce que cela représente désormais ?
Toussaint, la fête des saints pour les catholiques
La Toussaint est une fête catholique, en l’honneur de tous les saints du panthéon catholique, et non une fête chrétienne. Les protestants ne fêtent pas la Toussaint.
Au IVe siècle, l’église grecque décide de fêter les martyrs chrétiens. à l’origine, les premiers saints, après les apôtres, étaient des martyrs, morts pour leur foi. Cette fête est célébrée le premier dimanche après la Pentecôte dans l’église orthodoxe.
Au VIIe siècle, l’église catholique fait du Panthéon de Rome une église dédiée à Sainte-Marie des martyrs. Ainsi, au culte des divinités romaines se substitue le culte des saints catholiques. C’est à cette occasion que la fête de la Toussaint est instituée. à l’origine, elle est célébrée en mai. On l’a ensuite déplacée au 1er novembre. Pour des raisons pratiques, selon Jacques de Voragine (voir ci-dessous).
Le 1er novembre, c’est aussi le jour de l’an celte et s’oppose au 1er mai.
La Toussaint, c’est la fête des saints et non la fête des morts ! Celle-ci a lieu le 2 novembre. Cependant, parce que la Toussaint est un jour férié, il est plus facile de se rendre au cimetière ce jour-là !
L’origine de la Toussaint selon Jacques de Voragine
Jacques de Voragine est originaire de Varazze, en Ligurie (sur la côte, à 50 km à l’ouest de Gênes). Il est archevêque de Gênes. Il écrit au XIIIe siècle la Légende dorée (en latin Legenda aurea). Ce livre raconte la vie des saints illustres et connaît un grand succès pendant le Moyen Âge. Il regorge de miracles et de faits surnaturels tel qu’on pouvait le concevoir à cette époque : le Moyen Âge baigne dans le merveilleux…
LA TOUSSAINT : 1er novembre
La fête de la Toussaint a été instituée pour quatre objets :
en premier lieu, pour commémorer la consécration d’un temple,
en second lieu pour suppléer à des omissions,
en troisième lieu pour expier nos négligences,
en quatrième lieu pour nous faciliter l’accomplissement de nos v?ux.
Commémorer la consécration d’un temple
Voici d’abord l’histoire de la consécration du temple. Les Romains devenus maîtres du monde, avaient construit un temple énorme, au milieu duquel ils avaient placé leur idole; et tout à l’entour étaient les idoles de toutes les provinces conquises la face tournée vers l’idole des Romains. (…) Mais bientôt ce temple ne suffit pas aux Romains, qui construisirent pour chaque dieu un temple particulier. Et comme tous les dieux ne ne pouvaient pas avoir un temple à eux dans la ville, les Romains, pour mieux étaler leur folie, construisirent en l’honneur de tous les dieux un temple plus admirable encore que les autres, et l’appelèrent le Panthéon, ce qui signifie le temple de tous les dieux. Pour tromper le peuple, les prêtres des idoles lui racontèrent que la déesse Cybèle, qu’ils appelaient la mère de tous les dieux, leur était apparue ; et cette déesse leur aurait dit que, si Rome voulait remporter la victoire sur toutes les nations, on eût à élever, à tous les dieux ses fils, un temple magnifique. Ce temple fut construit sur une base circulaire, afin de symboliser l’éternité des dieux. (…)
Or, sous le règne de l’empereur Phocas, lorsque depuis longtemps déjà Rome était devenue chrétienne, le pape Boniface, quatrième successeur de Saint Grégoire, obtint de l’empereur le susdit temple, le débarrassa de toutes ses idoles, et, le 3 mai de l’année 605, le consacra à la Vierge Marie et à tous les martyrs: d’où il reçut le nom de Sainte-Marie aux Martyrs. (…)
Plus tard, encore, un pape nommé Grégoire transporta au 1er novembre la date de la fête anniversaire de cette consécration: car à cette fête les fidèles venaient en foule, pour rendre hommage aux saints martyrs, et le pape jugea meilleur que la fête fut célébrée à un moment de l’année où les vendanges et les moissons étaient faites, les pèlerins pouvaient plus facilement trouver à se nourrir. En même temps, ce pape décréta qu’on célébrerait, ce jour là, dans l’Eglise tout entière, non seulement l’anniversaire de cette consécration, mais la mémoire de tous les saints. Et ainsi ce temple, qui avait été construit pour toutes les idoles, se trouve aujourd’hui consacré à tous les saints.
(Pape Grégoire : Le pape Grégoire le Grand dictant le chant sacré à un scribe sous l’inspiration du Saint-Esprit représenté par une colombe posée sur son épaule © Antiphonaire de Hartker – Saint Gall)
Suppléer à des omissions
La fête de la Toussaint a été instituée pour suppléer à des omissions: car il y a beaucoup de saints que nous oublions, et qui non seulement n’ont pas de fête propre, mais qui ne se trouvent même pas commémorés dans nos prières. c’est en effet chose impossible que nous célébrions séparément la fête de tous les saints, tant à cause de leur innombrable quantité que de notre faiblesse et du manque de temps.
Expier nos négligences
La fête de la Toussaint a été instituée pour expier des négligences. car bien que nous ne célébrions la fête que de peu de saints, encore négligeons-nous souvent ceux-là même, par ignorance ou par paresse. Et c’est de ce péché que nous pouvons nous délivrer en célébrant d’une façon générale tous les saints, le jour de la Toussaint. (…)
Faciliter l’accomplissement de nos voeux
Enfin la fête de la Toussaint a été instituée pour nous faciliter l’obtention de nos v?ux. De même que nous honorons en ce jour tous les saints, de même nous leur demandons d’intercéder, tous ensemble, pour nous, de façon à nous faire avoir plus facilement la miséricorde de Dieu. Les saints peuvent, en effet intercéder pour nous par leurs mérites et par leur affection : par leur mérite en ce que le surplus de leurs bonnes ?uvres s’emploie à compenser nos fautes; par leur affection en ce qu’ils demandent à Dieu que nos v?ux se réalisent, chose qu’ils ne font, cependant, que quand ils savent que cela ne contrarie pas la volonté de Dieu.
Et que, dans ce jour, tous les saints se joignent pour intercéder en notre faveur, c’est ce que prouve une vision qui eut lieu l’année qui suivit l’institution de cette fête. le jour de la Toussaint de cette année-là, le gardien de l’église de saint Pierre, après avoir pieusement fait le tour de tous les autels et imploré les suffrages de tous les saints, s’assoupit un moment devant l’autel de saint Pierre. Il fut alors ravi en extase et vit le Roi des Rois assis sur son trône, avec tous les anges autour de lui. Puis vint la Vierge des Vierges, avec un diadème de feu autour de la tête, et suivie de la foule innombrable des vierges. (…)
Puis l’ange conduisit le gardien dans un autre lieu, où il lui montra des personnes des deux sexes, dont les unes étaient vêtues d’or, ou assises à des tables somptueuses, tandis que d’autres, nues et misérables, mendiaient du secours. Et l’ange dit au gardien: « Ce lieu est le Purgatoire. Les âmes que tu vois dans l’abondance sont celles qu’assistent copieusement les suffrages de leurs amis; les âmes de ces mendiants sont celles de personnes qui n’ont point d’amis, au ciel ni sur la terre, pour s’occuper d’elles. »
Et l’ange ordonna au gardien de rapporter tout cela au souverain pontife, afin que, après la fête de la Toussaint, il instituât la fête des Ames, c’est-à-dire une fête où, du moins, des suffrages communs s’élèveraient au ciel en faveur de ceux qui n’avaient personne pour adresser en leur faveur des suffrages particuliers.
LE JOUR DES AMES : 2 novembre
L’Eglise a institué, en ce jour, la commémoration des fidèles défunts, afin d’accorder un bénéfice général de prières à ceux, parmi ces défunts, qui n’en possèdent point de particuliers. Cette fête a été instituée à la suite de la vision racontée au chapitre précédent. Pierre Damien raconte aussi que saint Odilon, abbé de Cluny, apprenant que l’on entendait souvent sortir de l’Etna les hurlements des démons et les voix plaintives d’âmes défuntes qui demandaient à être arrachées de leurs mains par des aumônes et des prières, décida que, dans les monastères de son ordre, la fête de la Toussaint serait suivie de la commémoration des âmes défuntes ; et cette décision fut ensuite approuvée par l’Eglise entière.
A la découverte des origines celtes de la toussaint
La fête du premier novembre a une origine très lointaine puisqu’en fait elle nous provient en ligne directe des Celtes.
En effet, ceux-ci divisaient l’année en deux saisons, l’hiver et l’été.
Le premier novembre était une date très importante puisqu’ils fêtaient le début de l’année.
C’est la fête de Samain (Samain ou Samhuin signifie en irlandais « affaiblissement » ou « fin de l’été »). C’était donc une fête de passage, la fin de l’été marque le début de l’hiver, le départ d’une nouvelle gestation.
Samain était le nouvel an celtique, le début de toutes choses, et sur le plan mythologique le moment où s’étaient produits les grands événements cosmiques, le moment où avait lieu le meurtre rituel et symbolique du roi et son remplacement. Cette fête de Samain donnait lieu à des rassemblements, des jeux, des joutes, des cérémonies liturgiques très importantes et des festins où l’ivresse était de rigueur…
Samain était aussi la fête des morts, ou plus exactement de la communication entre les vivants et les morts. Ainsi cette nuit, les tombes sont ouvertes et le monde visible et invisible communiquent : les habitants de l’Autre monde peuvent faire irruption sur la surface de la terre, et les humains peuvent s’engager dans le domaine des dieux, des héros et des défunts. Cette conception des relations entre morts et vivants a perduré très longtemps.
Ainsi, dans les pays anglo-saxons et désormais europpéen, la fête de la Toussaint est accompagnée de la célèbre manifestation folklorique Halloween, où les morts, symbolisés notamment par la fameuse citrouille évidée dans laquelle on a placé une chandelle, viennent taquiner les vivants.
A Verviers en Belgique, à la fin du 19eme siècle, le jour de la Toussaint et aussi le jour des Morts, les enfants se promenaient en balançant en guise d’encensoirs, des betteraves évidées ou des pots à fleurs remplis de braises allumées, sur lesquelles ils faisaient brûler l’encens et ils demandaient aux passants : « on çan po lès pauvès-âmes! » un cent (pièce de deux centimes) pour les pauvres âmes.
Dans de nombreux villages wallons, le soir de la Toussaint, les enfants évidaient une betterave ou une citrouille dans laquelle ils pratiquaient des entailles simulant les yeux, un nez, une bouche.
Une chandelle éclairait à l’intérieur cette tête de mort, que les enfants plaçaient au bord du chemin en sollicitant des passants quelque monnaie « pour les âmes ». Cette coutume pouvait encore s’observer vers 1950.
A. Body (1902) relève qu’à La Gleize, on dit qu’il faut se garder de balayer et de laver les chambres et la cuisine « l’djoù des âmes », parce que les âmes des trépassés reviennent sur terre, dans les demeures qu’elles habitèrent.
En se livrant à cette besogne, on les « hovreut à l’ouhe », on les balaierait dehors. De même à Sart, il ne faut pas frapper avec des bâtons sur les haies et les buissons, parce que les âmes sont « d’vins les bouhons », dans les buissons.
Ces considérations donnent à penser que la fête des mor
ts, le 2 novembre, a eu son origine chez les Celtes et s’est étendue aux peuples européens.
La fête de la Toussaint fut instituée en France et en Allemagne sur l’ordre de l’empereur Louis le Pieux en 835. L’innovation se fit sur le conseil du pape Grégoire IV dont le désir était de supprimer un ancien usage encore ouvertement pratiqué à cette époque. La célébration, le premier novembre, de la fête de la Toussaint est donc un essai tenté par l’Eglise pour donner une couleur de christianisme à l’ancien rite celtique; en substituant aux âmes des morts, les saints comme véritables objets d’adoration. Cette tentative se solda par un échec puisque l’Eglise décida, à regret, de sanctionner la « superstition populaire » en admettant dans le calendrier une fête des morts.
La reconnaissance par les autorités ecclésiastiques de cette fête des morts eut lieu à la fin du Xeme siècle en France.
Le Jour des Morts (le 2 novembre) ne doit pas être confondu avec la Toussaint (le premier novembre) qui est une fête joyeuse.
A la Toussaint, le froid revient et met l’hiver en train.
La Toussaint venue, laisse-là ta charrue.
Elle marque le rassemblement de ceux qui sont et de ceux qui ne sont plus, dans l’espérance qu’à la fin des temps, les retrouvailles seront définitives.
Un cimetière illuminé de milliers de bougies.
La tradition de déposer des fleurs sur les tombes le jour de la Toussaint semble dater du milieu du 19eme siècle. Il existait une autre coutume qui consistait à allumer une bougie sur la tombe des morts.
Le Bulletin de folklore Wallon de 1898 signale qu’à Spa, le jour de la Toussaint, à la nuit tombante, la foule se rendait au cimetière où elle allumait des bougies sur les tombes. Cette pratique est encore attestée par H. George en 1935. Ce dernier note qu’à la Toussaint, des milliers de bougies brûlent sur les tombes.
M. Albert Jehin, nous précise que dans les années 1930, le Jour des Morts, après la messe de 10 heures, on se rendait en procession au cimetière de Spa. On allumait des bougies et l’on se regroupait autour de la tombe d’un curé de la paroisse. Cette tombe était surmontée d’un grand Sacré-Coeur. Les fidèles se dispersaient alors pour placer une bougie sur la tombe des défunts de leurs familles. Ces bougies étaient déposées dans de petites lanternes en zinc en forme de chapelle. Albert Jehin, âgé d’une dizaine d’années à cette époque, se souvient particulièrement bien des marchands de marrons chauds qui accueillaient les personnes à l’entrée du cimetière.
Que représente pour vous la Toussaint en 2011 ?
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Références pour l’article :
http://www.lexilogos.com/toussaint.htm
http://www.sparealites.com/fo119401.html