Le tour du monde de la Mort ! 9e étape: le Maroc
Partons à la découverte de la mort dans le monde ! Rites, croyances, culture, traditions, … c’est comment la mort ailleurs ?
Neuvième étape du tour du monde de la mort : le MAROC
« Le thé à la menthe doit être sucré comme la vie,
mousseux comme l’amour et amer comme la mort »
Proverbe marocain
Rites funéraires
Cérémonie funéraire
Au Maroc, comme dans tous les pays musulmans, sans aucune variante, les morts sont enterrés suivant la Loi islamique (cf. notre article sur les rites musulmans face à la mort: cliquez ici). En principe, le défunt doit être enterré dans les 24h après son décès, si c’est matériellement possible.
Le corps est soigneusement lavé avec une eau savonneuse et camphrée, ensuite on l’enveloppe nu dans un linceul de coton blanc (le kfen), symbole de retour à la pureté.
On assiste ensuite à la prière du mort, soit à la mosquée, soit au cimetière. Aucune femme n’a le droit de suivre le défunt. Le linceul est posé au sol et la prière se fait, une prière normale comme celle qui se fait cinq fois par jour. Puis il est enterré, placé sur le flanc droit à même le sol, les yeux tournés vers La Mecque en attente du jugement. L’index reste tendu en témoignage de l’unicité de Dieu.
Les fosses creusées dans le sol sont recouvertes de lattes de pierre, que l’on cimente avec du sable et de la chaux. Puis le tout est recouvert de terre. La tombe est souvent recouverte d’une dalle tombale, de pierre ou de marbre, où sont gravés le nom, les dates de naissance et de décès du défunt. Parfois, un petit monument marque l’emplacement.
Les tombes sont plus petites qu’en Occident car elles ne doivent pas contenir de cercueil, sauf pour les suicidés qu’on ne peut dévoiler et que l’on va, dans ce cas, enterrer dans un cercueil scellé par les autorités.
Ces rites très dépouillés n’ont pu donner lieu à un grand développement des entreprises de pompes funèbres.
La crémation est absolument interdite dans les pays islamiques, ainsi que tout autre procédé qui est considéré comme contrariant le dessein de Dieu. Il ne convient donc pas de pleurer, ni de se rebeller.
Il est d’usage d’organiser des soirées commémoratives au troisième jour, certainement pour permettre à ceux qui habitent loin de pouvoir venir présenter leurs condoléances. Le deuil dure 40 jours. Il n’a aucun effet sur les occupations quotidiennes ou professionnelles pour ceux qui le portent. L’épouse doit s’habiller exclusivement de blanc durant ces quarante jours, chaussures comprises.
Le quarantième jour, on refait une saddaka: les proches et les amis se réunissent de nouveau dans le domicile du défunt, récitent des versets du Coran et font des v?ux pour que l’âme du défunt soit bénie, que ses éventuels péchés soit pardonnés et pour que sa famille retrouve la sérénité et le bonheur. Ce quarantième jour marque la fin du deuil. Le jour de l’enterrement et le 40e jour, un dîner est offert aux gens présents et l’aumône est faite au cimetière.
Le deuil est collectif
La communauté se regroupe pour faire face à la mort d’un de ses membres. Tout un arsenal de symboles réconfortants se met en place pour repousser, voire anéantir l’aspect terrifiant et froid de la mort. Par la croyance et le côté sacré, le rite acquiert une fonction hautement apaisante et sécurisante. La mentalité marocaine face à la mort est directement encadrée par l’enseignement religieux. La foi devient donc le soutien naturel du Musulman pour qui tout se résume dans la phrase : «c’est à Dieu que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournons».
La mort d’un membre du groupe devient plus tolérable lorsqu’on peut l’associer à un cycle de mort-vie, c’est-à-dire que les naissances rendent la mort plus supportable.
Selon la tradition, dès que le décès est survenu, la famille en avertit les amis, les gens vertueux de la communauté et les proches parents. La maison du défunt est alors ouverte aux visiteurs pour les condoléances. Les femmes reçoivent les femmes et restent à domicile. Les hommes reçoivent les hommes, la plupart du temps chez un voisin. La mort a véritablement une dimension communautaire très forte au Maroc. Elle provoque une mobilisation générale autour des endeuillés, visant à les aider pendant les premiers jours en les déchargeant la plupart du temps de tout souci. Toujours selon la tradition, dans certaines régions, les voisins veillent eux-mêmes à ce que le domicile du défunt soit propre, font la cuisine, reçoivent les visites pour que les proches soient le moins possible dérangés. Ils nettoient de fond en comble l’appartement du défunt dès que le convoi mortuaire part vers le cimetière. Ce sont généralement eux qui préparent le repas de retour du cimetière, principalement du couscous.
Le Maroc, la mort et le cinéma
« Nos lieux interdits », film franco-marocain de Leïla Kilani (2009)
Sélection pour la catégorie « Mémoire de la Méditerranée »
Prix International du Documentaire et du Reportage Méditerranée – 14 ème édition
Entre 1960 et 1980, sous le régime d’Hassan II, des centaines d’opposants politiques sont morts et des milliers ont disparu sans laisser de traces. En 2004, une Instance équité et réconciliation, mise en place par le roi Mohamed VI, a enquêté sur ces violences d’Etat afin d’en indemniser les familles victimes. Le film suit cette enquête au sein de quatre familles marocaines. Et laisse émerger un douloureux retour sur soi de toute une société, mais aussi un intime travail de mémoire et de deuil qui rejoint le travail cinématographique…
Extrait de « Nos lieux interdits »:
La mort inspire les écrivains marocains
« Tazmamart cellule 10″ d’Ahmed Marzouki
Un des prisonniers du sinistre bagne de Tazmamart décrit par le détail ses 18 ans d’enfermement dans des conditions terribles. Il raconte aussi la mort de ses camarades les uns après les autres? Un livre-choc, le plus gros succès d’édition que le Maroc ait jamais connu…
« Tazmamort, dix-huit ans dans le bagne de Hassan II » d’Aziz Binebine
«On parle beaucoup des survivants, mais on passent sous silence les morts, or ce sont eux les grands perdants. Et je voulais leur rendre hommage». Aziz BineBine rend hommage à chacun de ses frères défunts de Tazmamart. Témoignage précieux sur un cauchemar carcéral moderne…
« Le deuil des chiens » d’Abdelhak Serhane
L’histoire de quatre s?urs qui se retrouvent à la rue à la mort de leur mère, expulsées par un père soumis à sa nouvelle épouse. Elles reviennent dix ans plus tard pour raconter leur vie d’infortune. Un conte cruel qui dénonce les tares d’une société patriarcale…
Cimetières
Cimetière de Marshan (Tanger)
Et maintenant ?
Il faut noter que le phénomène d’isolement dans les grands centres urbains commence à toucher également les foyers musulmans. La charité est moins forte, moins spontanée, la modernité pourrait finir par avoir raison du deuil d’antan…
Actuellement, des traiteurs commencent à proposer leurs services pour les enterrements.
A bientôt !
Marie-Laure pour – la mort fait partie de la vie
Sources :
http://www.wat.tv/video/tanger-maroc-cimetiere-marshan-4ja5t_4ezlx_.html
http://www.bibliomonde.com/pays/maroc-1.html
http://fr.answers.yahoo.com/question/index?qid=20100819172741AANI8TV
http://fr.answers.yahoo.com/question/index?qid=20110313104820AAzBVe4
http://www.obseques-liberte.com/rites-funeraires/Musulmans.htm
http://savoir.fr/les-rites-funeraires
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=139260.html
http://www.maghress.com/fr/financesnews/2847
http://www.bibliomonde.com/pays/maroc-1.html
http://fr.answers.yahoo.com/question/index?qid=20080716114048AAhWPgv
http://www.foruforever.net/fr/blog/article-les-rites-musulmans-face-a-la-mort-73219088.html