Après notre mort, que se passe-t-il sur internet?
En tant qu’utilisateur du web et des réseaux sociaux, et travaillant pour un site parlant de la mort; je me suis dit « il serait utile que nous sachions tous ce qui se passe avec nos données après notre mort! ».
Nous sommes actuellement plus d’un milliard à utiliser facebook, et, scoop du jour, nous disparaîtrons tous à un moment. Que deviendront les données nous concernant que nous avons partagées? Que deviendra notre mur facebook? Toutes ces données sont elles conservées? Nos proches peuvent ils les supprimer?
Finalement, ces données, nous appartiennent-elles réellement?
Permettez-moi d’en douter. Cependant, il existe des procédures (plutôt fastidieuses) pour récupérer le contenu des comptes de nos défunts. J’ai été chercher pour vous, celles qu’on suit sur facebook, twitter, hotmail et gmail. Pour hotmail et gmail, il s’agit en fait des procédures suivies pour les différents services microsoft et les différents services google.
Pour alimenter mes propos, je me servirai notamment de l’article «la mort sur internet: Au delà du réel « paru le 15/11/2010 sur notre site, vous le trouverez ici.
Internet, un cimetière virtuel?
Sur internet
Le gouvernement Français prépare un texte de loi qui régit la protection des données privées des utilisateurs. Il y aura un volet sur les défunts. Le texte dira que les contenus internet ne pourront être supprimés par les éditeurs de services en ligne, que s’il est prouvé par les héritiers que ces données portent atteinte à la réputation du défunt. L’éditeur de contenu peut donc refuser de donner suite à une telle demande s’il estime qu’elle est non fondée. En fait, l’éditeur fait ce qu’il veut de ce qu’il a publié sur nos défunts tant que ça ne porte pas atteinte à son honneur. Mais notre défunt, aura-t-il choisi, de rester éternellement sur la toile après sa mort? Non.
Il n’existe, en fait, pas de règles claire sur la suppression des données personnelles sur internet après notre mort. Les proches n’ont aucun moyen de pression sur ces éditeurs.
Les comptes facebook
Selon les termes et conditions d’utilisations de facebook, nous leur accordons, selon nos paramètres de confidentialité, une «licence non-exclusive, transférable, sous-licenciable, sans redevance et mondiale pour l’utilisation des contenus de propriété intellectuelle que vous publiez sur facebook ou en relation avec facebook (…).».
Autrement dit, nous permettons à facebook et à d’autres entreprises d’utiliser tout ce que nous publions sur, ou via facebook, dans le cadre de nos paramètres de confidencialité.
Facebook se sert aussi dans une partie de nos données: il puise d’une part, dans «Les informations publiques», ce sont les informations que nous publions et que nous choisissons de rendre publiques (accessibles à nos amis et à ceux qui ne sont pas amis avec nous); et d’autre part, les informations «Toujours publiques», cette notion englobe notre nom, nos photos de profil et de couverture, notre sexe, notre nom d’utilisateur et notre identifiant.
Cette licence se termine uniquement lorsque nous supprimons le contenu publié sur facebook ou lorsque nous supprimons notre compte. Si notre compte est partagé avec d’autres administrateurs, la suppression ne prend pas effet.
Le réseau social reçoit aussi des informations nous concernant via nos amis lorsqu’ils publient des éléments sur notre mur, nous marquent sur des photos ou dans des lieux et nous ajoutent à des groupes. Lorsque les autres utilisateurs nous ajoutent en tant qu’amis, facebook reçoit les détails supplémentaires encodés (nos liens de famille, l’endroit où nous nous sommes rencontrés, le lien d’amitié ou autre qui nous unit).
Toutes ces informations servent l’entreprise, ses partenaires, les annonceurs qui achètent des publicités sur le site, et les développeurs qui conçoivent les jeux, les applications et les sites web que nous utilisons. Cependant, facebook ne partage pas toutes les informations reçues via des sources extérieures que les utilisateurs du réseau.
Facebook et la mort…
A notre mort, ces données restent en ligne et ne disparaissent jamais. Rien ne stipule dans cette déclaration que les données de notre compte (mentionnées ci-dessus) seront supprimées automatiquement.
L’entreprise le dit en fait dans ses termes et conditions : «Nous conservons les données aussi longtemps que nécessaire pour l’apport de nos produits et services (…). En général, les informations associées à votre compte sont conservées jusqu’à la suppression de ce dernier»
Facebook propose, comme alternative, un formulaire qui permet de déclarer le décès du propriétaire du compte. Le compte peut alors, être supprimé, ou devenir un profil de commémoration. C’est à ce moment là que nos données seront supprimées, comme expliqué ci-dessus.
Nous avons donc la responsabilité de mandater quelqu’un de supprimer notre compte pour nous. Attention, les éléments que nous avons publiés sur des groupes ou sur notre mur demeurent sur la plateforme si nous ne les supprimons pas un par un.
Toute notre activité ou les activités liées à notre compte, après notre mort, restent la propriété de facebook. Il en va de même pour les messages de condoléances et les mémoriaux postés sur notre mur.
Le premier paragraphe de la déclaration des conditions d’utilisations, nommé : «conditions de base» dit que nous sommes seuls responsables de ce que nous publions via le réseau social.
Comme facebook, le réseau utilisera comme bon lui semble ce que nous publions et postons sur le site. En effet, en soumettant, postant ou publiant des contenus sur ou par le biais des services de twitter, nous leur accordons «une licence mondiale, non-exclusive, gratuite, incluant le droit d’accorder une sous-licence, d’utiliser, de copier, de reproduire, de traiter, d’adapter, de modifier, de publier, de transmettre, d’afficher et de distribuer ces Contenus sur tout support par toute méthode de distribution connu ou amené à exister.».
Twitter et la mort
Nous donnons, par ce biais, l’autorisation à twitter de faire ce que bon lui semble avec ce que nous publions ou postons. twitter peut les «mettre à disposition d’autres sociétés, organisations ou individus», «modifier ou adapter» nos contenus «afin de les transmettre, afficher ou distribuer sur des réseaux informatiques et su différents médias (…)»
Les informations collectées au moment de l’enregistrement, comme notre nom, notre nom d’utilisateur, notre mot de passe et notre adresse e-mail sont listées publiquement sur le compte, notamment sur notre page de profil et dans les résultats de recherche.
Ici non plus, twitter ne supprimera pas automatiquement notre compte.
A nous de prendre nos dispositions pour que toute activité sur notre compte ou en lien avec celui-ci cesse. Le site prévoit, à cet effet, une procédure qui permettra à nos proches de prendre le contrôle de notre compte ou de le supprimer.
Les comptes e-mail
Hotmail
Microsoft, (les administrateurs de Hotmail), proposent d’envoyer le contenu du compte («incluant tous les emails, leurs pièces jointes, le carnet d’adresses, et la liste de contacts Messenger») au parent le plus proche. Cette même procédure permet aussi à Microsoft de supprimer le compte du défunt, le processus d’identification du défunt est, selon-eux, «bref». Le mot me semble un peu réducteur vu qu’il faut: un certificat de décès notarié, un acte de décès signé par le médecin, un testament, une photocopie de la carte d’identité du proche et toute une série d’informations sur le compte du défunt avant de percevoir le contenu de celui-ci. Notez que vous avez 1 an pour obtenir toutes ces informations
Cependant, la propriété sur le contenu du compte ne revient pas au plus proche parent! Le mot de passe du défunt reste aussi secret. Cette lecture implique deux questions épineuses : «Mais pourquoi conservent-ils ces données? Pourquoi nos proches ne peuvent-ils pas récupérer la propriété des données sur notre compte? «
Les e-mails et la mort
Gmail
Google précise que les données que nous inscrivons pour notre compte ne seront jamais revendues (sauf demande juridique spéciale). Cela n’entraine, cependant pas que nos proches obtiendront la propriété sur le contenu de notre compte. En fait, Google, autorise l’accès au compte Gmail du défunt, cependant, l’administration du contenu ne sera délivrée qu’après «un examen approfondi». Le détail de la procédure se trouve ici. Google demande, avant de procéder à l’examen, un certificat valable de décès confirmé par un notaire.
Un élément m’a quand même interpellé, Google, nous prévient à 3 reprises dans ses 2 paragraphes d’introduction que cet autorisation d’accès au contenu est rare: «il se peut, dans de rares cas, que nous soyons en mesure de communiquer le contenu du compte Gmail à un représentant autorisé de l’utilisateur», ou encore: «Avant de commencer, vous devez bien comprendre que Google peut se trouver dans l’impossibilité de fournir le contenu du compte Gmail et que l’envoi d’une demande ou de la documentation requise ne garantit en aucun cas que Google soit en mesure de vous aider.».
Pourquoi l’entreprise rend-t-elle la procédure si difficile?
Pour ce qui est de Google+, la suppression du compte n’est pas mentionnée, et donc pas envisagée.
Les mémoriaux
Vidéos youtube
Sur youtube, une mode est à l’honneur, il s’agit des vidéos mémoriales. Pour «monsieur et madame tout le monde»<
span style= »color: #888888; font-size: 8pt; »>, en principe, des images sont assemblées pour créer un résumé de tous les souvenirs. En voici un exemple.
Si vous voulez approfondir le sujet, nous avons un article «La mort et les ados « paru le 24/11/2011 qui traite de la manière dont les ados font leur deuil. Il y a tout un paragraphe qui analyse l’utilisation de youtube comme mémorial.
Les albums de vie
Enfin, il existe la possibilité sur internet de publier nos mémoires et ainsi de laisser une trace dans l’esprit de nos proches. Nous demeurons, dès lors, volontairement sur la toile. Foruforever.net est le seul site à offrir la possibilité de créer un «album de vie» gratuit. Il s’agit d’un espace de mémoire privé, confidentiel que seule une personne de confiance désignée par l’auteur de l’album pourra ouvrir après la mort de ce dernier. L’auteur peut y retracer son chemin de vie et l’agrémenter de photos, de vidéos, de souvenirs, de lettres, etc., bref, de tout ce qu’il veut.
Le logo deforuforever.net
Heureusement qu’il existe encore certaines initiatives qui nous laissent le contrôle sur nos données «post-mortem». Pour les autres, les réseaux sociaux, dès notre inscription, nous devenons une base de données qu’ils souhaitent éternelle. C’est à mon avis, pour cette raison que la suppression de nos données après notre mort fait l’objet d’une procédure si complexe.
A la prochaine!
Nelson
Mes sources:
Pour approfondir la question «Quelles sont les données que facebook garde sur moi, et qu’en font-ils», je vous conseille de regarder le documentaire de France 2 : «Toute ma vie sur internet» dont voici le lien:
http://www.foruforever.net/fr/blog/article-la-mort-sur-internet-au-dela-du-reel-61014214.html
http://www.rslnmag.fr/post/2012/10/05/171;-Ou-vont-vos-donnees-quand-vous-mourrez-187;.aspx
http://www.jurilexblog.com/mort-internet-dela-reel-260914
https://www.facebook.com/legal/terms
http://mail.google.com/intl/fr/policies/
http://windows.microsoft.com/fr-FR/windows-live/microsoft-services-agreement
http://www.numerama.com/magazine/22195-comment-gerer-la-mort-d-un-proche-sur-internet.html