Mon expérience du deuil
« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » comme le disait Alphonse de Lamartine. C’est ainsi que j’imagine le deuil.
Comme je l’ai expliqué auparavant, je n’ai pas peur de la mort mais de l’oubli. Seulement, il me semble encore assez ardu de transmettre à l’autre cette réconciliation avec la mort. Les condoléances restent un rituel tabou lorsqu’une personne de votre entourage traverse la perte d’un proche.
Voilà qu’un jour, une de mes amies en fait la terrible expérience. Son père décède brutalement. Il a été très difficile pour moi de lui transmettre mes sincères condoléances. Je pensais être capable de le faire… oui je peux le faire…et patatras ! Seulement voilà mon sentiment d’impuissance pour la réconforter face à cette immense douleur, m’a tétanisée. Je me suis heurtée à quelque chose d’inconfortable. J’ai préféré honteusement me terrer dans le mutisme.
Alors quel comportement adopter ?
Une conférence m’a apportée des éléments de réponses.
Comprendre et parler du deuil
Je persiste à croire que j’aurais du adopter un autre comportement. Mais comment réagir face à quelqu’un qui traverse un deuil ?
La tâche peut paraître difficile, mais il ne faut pas se décourager d’avance. C’est ce que j’ai appris lors de la conférence « vivre son deuil », orchestrée par Christophe Fauré, au salon de la mort. Tout d’abord, il faut comprendre qu’il y a un certain temps important pour que se developpe plusieurs étapes. La personne endeuillée doit les traverser, à son rythme.
Il présente 4 phases :
Le choc qui est un mécanisme pour lutter contre la douleur.
La recherche de supports comme des photos, des odeurs ? qui rassurent.
La destructuration le mécanisme de défense s’estompe et la personne traverse un moment de solitude. Selon Christophe Fauré, « c’est la phase la plus douloureuse ».
La restructuration qui redéfinit son rapport avec les autres car la personne « change d’identité ».
Je vous invite à approfondir ces phases sur le blog de ce brillant psychiatre. Selon lui, « c’est un besoin nécessaire ». Puis, il faut parler avec la personne endeuillée. Au travers, de quelques questions, il est possible d’engager un accompagnement par la parole. Lors de la conférence, Christophe Fauré propose quelques questions qui aideront à l’accompagnement :
« Qui as-tu perdu ? »
c’est à dire que la personne doit parler du défunt, sa relation avec lui, montrer des photos.
« Racontes moi ce qui s’est passé »
c’est à dire revenir sur les faits de la disparition du proche.
« Où en es tu physiquement ?»
c’est à dire parler de ses émotions qui peuvent être épuisant pour le corps. Selon Christophe Fauré, il a été prouvé qu’une telle épreuve peut faire baisser les défenses immunitaires de la personne endeuillée. Ainsi, il est de bon conseil, de lui proposer des massages, ou du sport pour le corps.
« Sur qui peux-tu compter ? »
car selon le conférencier il est important d’avoir un témoin de sa douleur.
« Où en es tu spirituellement ? »
c’est à dire qu’il est essentiel de connaître les valeurs que l’endeuillé attribue à la vie après cette perte immense.
L’accompagnement par la parole est douloureux et peut se comparer à une infirmière qui change les pansements d’un blessé. Mais c’est une étape nécessaire pour traverser le deuil.
Comment surmonter le deuil ?
Il est possible de combler le vide évoqué par Lamartine, grâce à des « rituels » qui peuvent aider à surmonter le deuil comme « porter un toast en l’honneur du défunt à l’occasion du diner de noël », « se ballader dans les lieux où il avait l’habitude de se promener », « allumer une bougie et s’y recueillir 10 minutes », « écrire un journal ». N’hésitez pas à adapter ces outils au lien que vous avez eu avec l’être aimé.
Tous ces outils vous aideront à préserver un lien avec le défunt sans altérer le cours normal de votre vie et celle de vos proches.
Pour conclure, je vous propose deux livres référents dans ce domaine qui devrait vous intéresser!
Lyhia
Source
Conférence de Christophe Fauré « Vivre le deuil » au salon de la mort le 8 avril 2011.