La peur de la mort !

Ecrire cet article me démangeait depuis le début de mon stage.

C’est une discussion que j’ai, en effet, eu a plusieurs reprises : « Et toi, t’as peur de la mort ? ». Les avis sont très divers, qu’on soit Européen, Africain, Asiatique, athée, Chrétien, Boudhiste, ou autre, on s’est tous un jour questionnés sur cette crainte.

Il nous faut, cependant, distinguer la mort de « l’autre » et la « mort de soi ». Les deux phénomènes sont intimement liés.

Pourquoi avons-nous peur de la mort?

Ce phénomène, la peur de la mort, apparait vers nos 7 ans, c’est là que nous réalisons que nous pouvons mourir. Avant ça, dès 2-3 ans, nous dit Françoise Dolto la mort éveille une curiosité « Où il est papy, maintenant » se demanderait un petit enfant.
 
Freud aurait trouvé une explication à cette crainte du phénomène pourtant naturel. Il dit que nos relations sont ambivalentes, ceux que nous aimons, nous les haïssons en même temps. Dès lors, à leur mort, nous nous sentirions coupables, ce que nous avons secrètement souhaité est « enfin » arrivé.
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Françoise Dolto
 
Selon moi, la peur de la mort de l’autre est fort liée à la crainte d’un manque, d’un vide. Après avoir vécu 3 deuils, je constate que la mort de mes proches a laissé en moi un vide qui ne se résorbera qu’avec le temps.
Nous nous inquiétons pour les gens qu’on aime parce qu’on a peur de ne plus jamais les revoir.
 
Vivre le manque est une sensation terrible pour moi, elle me montre que je ne peux pas vivre que par moi-même. Ma vie dépend de ceux qui m’entourent, qui m’écoutent et qui m’aiment. Les perdre, serait me réduire à néant, et vivre un deuil est comme un aperçu de ce vide qui m’engloutirait.
 

Voir nos proches mourir, c’est peut-être aussi, comme le dit Viviane Casolari, se dire que nos défunts n’auront plus droit à ce privilège qu’est la vie. Ils ne pourront plus jouir des moments de bonheur passés avec leurs proches.

 
De la part du proche, il s’agit aussi de la peur de ne pas avoir assez profité des moments passés avec notre défunt. L’auteur nous parle de la peur de: « de ne pas avoir assez donné, assez aimé celle qui s’en va ».
 
Retrouvez sa nouvelle sur notre blog.
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Assez parlé de la peur de la mort de l’autre.

Nous aborderons à présent, la peur de notre propre mort.

 
De cette peur portée sur un être externe, découle, peut-être, la peur de notre propre mort. En effet, « si lui peut mourir, moi aussi! ». Nous pourrions expliquer cette crainte par la peur d’abandonner ceux qu’on aime. Des parents peuvent être inquiets de ne plus être présents pour couver et protéger leurs enfants. Le héros en nous nous pousse à « vouloir rester en vie pour ceux qui ont besoin de nous » (Psychologies.com).
 
La peur d’être oublié nous pousse aussi à vouloir survivre. Peut-être est-ce du à nos ancêtres romains pour lesquels mourir dans l’oubli était synonyme d’échec total.
Une autre explication à cette crainte pourrait résider dans l’idée d’une mort brutale, en souffrance. Ce qui nous anime ici, c’est la peur de mourir, qui se traduirait par la peur de souffrir en mourant.
 
Selon Tanguy Chatel, sociologue Français, nous luttons contre notre crainte de la mort en tentant de la maîtriser. Cette maîtrise s’exprime par la mise en scène de la mort dans des séries télévisées, des expositions. Ou encore par des outils juridiques comme des conventions obsèques. Par la professionnalisation de la mort, pensons aux thanatopracteurs. Nous nous sentons obligés d’enjoliver la mort, de la rendre moins agressive, ou effrayante.
 

Des arguments contre la peur de la mort!

Après, on n’est plus terrestre, ni humain. D’une manière générale, selon les croyants, nous avons accès à un autre monde (différent selon la religion). Les Chrétiens, Juifs et Musulmans font référence à un « au-delà », les Bouddhistes parlent d’une réincarnation. Tout cela, certes, ne se fait pas sans conditions.

Quoiqu’il en soit, et ce, peu importe nos croyances ou courants philosophiques, l’expérience que nous connaîtrons sera inconnue. Incomparable à ce que nous vivons sur terre, laissons sa chance au hasard, il se pourrait que ce soit quelque chose de grandiose !

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Mourir, c’est peut-être aller au paradis

Stéphane Lejoly, l’un de nos experts-chroniqueurs a déjà écrit un article sur la question, vous le trouverez dans notre rubrique « reflexion et débat« . Selon lui, le corps immatériel, se sépare de notre corps physique, cette expérience dure 2 à 3 jours. A ce moment là, nous pouvons contempler et revivre l’étendue de notre vie. Une seconde de ce « replay » contiendrait autant d’informations que ce que nous avons perçu durant toute notre vie. Ne serait-ce pas une expérience magnifique que de revivre des moments passés, oubliés, regrettés. Imaginez toute votre nostalgie assouvie le jour de votre mort. C’est ce que j’appellerais partir avec le sourire.

Retrouvez aussi dans « notre actu » des gens qui n’ont pas peur de la mort! Des extraits de leurs témoignages lors de notre café de la mort sont à votre disposition. Un de nos participants a dit qu’il ne craignait pas la mort car il a vécu heureux, il peut partir en paix en étant fier de ce qu’il a accompli. En effet, il a pu parler librement de la mort avec sa famille. Une dame nous a également confié qu’elle croyait en la destinée. Selon elle, nous sommes sur terre pour accomplir une mission (précisons qu’elle n’est pas Chrétienne). Une fois que cette mission sera accomplie, la personne quittera la terre en paix avec elle-même. Le tout est, selon cette dame, de trouver pourquoi  nous sommes sur terre. Notre article complet sur  le café de la mort de Malmedy est ici

Mourir peut être aussi une libération, le défunt abandonne derrière lui le poids des responsabilités et des souffrances que la vie lui a imposés. Mourir, c’est en quelque sorte tout lâcher, se reposer à tout jamais.

Des arguments qui appuient la peur de la mort

Notre monde est teinté par des croyances religieuses. Athée, ou non, nous connaissons tous le concept de l’enfer, des monstres, de la souffrance et du néant. Il est fort alimenté par ce que nous voyons dans les médias. Particulièrement dans les films de science fiction ou d’horreur. Il est vrai que cette notion, ce fantasme a quelque chose d’effrayant, l’idée de souffrir toute une éternité est le point sur lequel certains s’arrêtent. La notion du néant est aussi perçue comme dangereuse pour certains d’entre nous.
En effet, dans ce monde où la célébrité et la reconnaissance sont devenues un but  à atteindre, la disparition dans le néant signifie l’échec total.
 

Stéphane Lejoly nous dit aussi qu’après avoir contemplé notre vie durant 2 à 3 jours, notre âme quitte définitivement notre corps. Ce qui vient après, peut s’apparenter au purgatoire, nous revivons notre vie à rebours, et ressentons les conséquences de nos actes passés. Cela implique les souffrances, les tristesses, les douleurs physiques que nous avons pu causer. Cette expérience dure, selon Stéphane Lejoly, un temps équivalent au tiers de notre vie. Cela équivraudrait à environ 26 ans de souffrances.

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Affiche du film « Jusqu’en Enfer » de Sam Raimi

Mon avis sur la question

Je me suis rendu compte, en écrivant cet article, de l’étendue des points de vue possibles sur cette question. Je reste néanmoins convaincu que la mort est un phénomène normal.

Nous n’avons pas à craindre la mort. Après tout, c’est nous qui partons.

C’est nous qui leur manquerons. Nous ne connaitrons, à mon avis, même pas la sensation de manque. On ne parle pas d’un voyage, mais bien d’un passage de la vie à un autre monde.

Etant Chrétien, je crois au paradis et j’ose espérer y être accueilli le jour de ma mort.

La mort s’apparenterait dès lors à un passage vers un meilleur monde. Cependant, j’ai peur de la souffrance, de cette mort qui nous tombe dessus et qui nous fait souffrir jusqu’à notre dernier souffle.

Je souhaiterais partir sans douleur, j’aurais peut-être même un sourire aux lèvres.

Lisez aussi à ce propos l’article de Lyha: « Moi, la mort?… Même pas peur »

Nelson

La mort fait partie de la vie.

Cet article vous a plu, découvrez mon article sur le Congo !

Sources:

http://www.psychologies.com/Moi/Epreuves/Deuil/Articles-et-Dossiers/La-mort-pourquoi-il-faut-en-parler/Peur-de-la-mort-ou-peur-de-mourir

http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20121030.FAP2605/le-monde-moderne-ne-regarde-pas-la-mort-en-face-entretien-avec-le-sociologue-tanguy-chatel.html