Le cimetière du Père Lachaise

Les tombes se dessinent au dessus du mur d'enceinte me guidant jusqu'au portail.

Merci à Foruforever qui m'amène dans des endroits et à des réflexions inattendues. En effet, bien qu'habitant à Paris, je me lève rarement le matin avec comme première idée : « Pourquoi ne pas aller faire un petit tour au cimetière ? Juste pour le plaisir et la curiosité? » Et pourtant, les cars de touristes se suivent en flot ininterrompu, il doit bien y avoir une raison?

Les gens sont bien habillés, les filles sont jolies et le soleil illumine le tout. Entrons.

Musée ou cimetière?

Première impression : Verdure, c'est loin d'être triste?

Instinctivement guidé vers l'attroupement, me voici devant un panneau indicateur. Quelques noms me sautent aux yeux :

• Apollinaire
• Balzac

Incroyable? alors ces gens existent aussi en dehors des livres de cours ?

• La Fontaine

J'aurais dû prévoir du fromage?

• Chopin

Je me sens comme un enfant à noël, chaque coup d'?il au tableau faisant écho pour moi.

• Molière !

Décidemment?

Allons, ce n'est pas le panneau que je suis venu apprécier? je serais resté devant Wikipedia sinon ! Partons plutôt en chasse et voyons voir si je peux tomber par hasard sur des noms que je connais.

Laissons les morts venir à moi plutôt que l'inverse.

Ouf, le jardin semble suffisamment grand. Ici rien à voir avec le Palais d'Eté de Pékin, plutôt qu'une mer de touriste me voilà sur un sentier de promenade. Je repère rapidement quelques coins isolés et ombrés? propices au recueillement et à la méditation.

 ?

Sur les avenues du temps…

Quand j'étais enfant, je me rappelle avoir eu envie d'aller seul, du haut de mes 12 ans, dans un cimetière. Je laisse au soin de nos chers psychologues le choix de l'analyse. Quoi qu'il en soit, face à l'étonnement général et aux questions pesantes (encore une preuve que la mort n'a rien de banal? voir inquiète), je n'ai pas trouvé de justification plus naturelle que de dire que j'allais choisir les prénoms de mes futurs enfants?

Finalement, je ne m'y suis jamais rendu, au cimetière, honteux de ma réplique. Aujourd'hui, j'ai rendez-vous avec ce petit garçon curieux que j'étais.

Incroyable ! Il y a même des noms d'avenue ! Comme les morts sont célèbres auprès des vivants grâce aux avenues à leur nom, ce serait un juste retour des choses que de leur faire connaitre nos célébrités actuelles de la même manière non ? Quoi que? Croiser M. Haussmann sur l'avenue Justin Bieber? ça la fout mal.

Mais pourquoi suivre ces allés principales quand les morts vous proposent d'infinies allées secondaires de par la disposition de leur lit mortuaire ? Peut-être que cela ne se fait pas ? Bonne question? Oh et puis flûte à la fin ! Je croyais qu'on avait dit à mort les tabous, les dogmes et autres restrictions qui nous empêchent de profiter de la vie !

Mes amis les morts sauront lire le profond respect avec lequel je viens leur rendre visite.

Rangez vos orteils ! J'arrive !

A peine trois pas dans cette forêt de sépultures auront été suffisants pour me transporter dans un autre monde. Paris est bien loin?

Un cimetière bien vivant

J'ai le sentiment d'avoir quitté les « bas-quartier » pour rejoindre le 16^ème mortuaire? Ce ne sont plus d'humble cercueil mais bien des gros blocs qui encadrent maintenant le chemin.

Tous égaux fasse à la mort ? Pas pour les vivants visiblement?

Entre les portes ouvertes, les tombeaux tellement vieux qu'ils s'effondrent sur eux-mêmes ou encore ceux entrouverts? j'ai le sentiment que le quartier est bien vivant. Peut-être vais-je croiser un ancien sortant de « chez lui » comme si de rien n'était ?

« Doit-on emmener nos enfants au cimetière ? »

Je viens de croiser deux enfants, 7 et 10 ans pas plus. L'un tenait une raquette de badminton pendant que sa s?ur s'élevait debout sur une tombe. Des rires, des sourires?

Je ne les ai pas sentis choqué à vie par la mort. Au contraire, une belle image :

Lorsque la vie pétillante et naïve rencontre la mort paisible et sage.

Un joli contraste que je soupçonne avoir fait esquisser un sourire à plus d'un trépassé.

Le temps qui passe

Je ne crois pas que les habitants des lieux s'ennuient. A vrai dire, je suis arrivé il y a maintenant plus de deux heures et l'impression que seulement 30min se sont écoulées?

Le temps semble une notion bien arbitraire en ces lieux.

Mais la vie continue pour moi et je dois rejoindre la sortie. Enfin pour le moment, je suis perdu.

Me voici finalement arrivé à destination. Je n'aurais croisé aucun personnage célèbre, ni trouvé de prénoms pour mes futurs enfants. Juste un peu de paix, et c'est déjà beaucoup.

Bien à vous,

Jérémy pour Foruforever

– La mort fait partie de la vie –