Me voici de retour du parcours sur les rites funéraires proposé par le musée du quai Branly. C’est en fait, une promenade guidée à travers plusieurs expositions à la recherche de différentes statuettes et autres objets funéraires.

La proposition du musée

Planche-Malu.JPG« Les rites funéraires jouent un rôle privilégié, voire primordial dans la relation de l'homme au sacré. Ils soulignent, à travers leur riche cérémonial, à quel point la mort est présente et acceptée dans les sociétés non occidentales où les défunts, ancêtres en puissance, font partie intégrante de la vie.

 

Cette relation étroite entre les vivants et les morts passe bien souvent par un vaste système d'échanges à la fois symbolique, spirituelle et physique qui se matérialise par des offrandes et s'incarne dans la sculpture pétrie dans la matière, signe de pérennité et objet de mémoire. »

La mort, partie intégrante de la vie

Voici quelques exemples de sculptures qui illustrent comment la mort et la vie se côtoient dans les sociétés non occidentales :

Le crâne d’ancêtre appuie-nuque

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Chez les Asmat, le monde des ancêtres et le monde des hommes ne sont pas séparés et la mort participe de l'équilibre des vivants. Les crânes d'hommes importants ou de grand guerrier étaient précieusement conservés et ornés de graines ou de plumes. Ces crânes pouvaient être conservés dans la maison de réunion des hommes d'un clan ou étaient utilisés par les parents du défunt.

 

Ils étaient alors portés autour du cou ou servaient d'appui-nuque. Ainsi, dans son sommeil, le parent du défunt communiquait avec son ancêtre et ressourçait son énergie vitale.

 

 

Effigie Mortuaire

Effigie-Mortuaire.pngPour les Toraja Sa'dan signifie ?petite personne? ou ?comme une personne?.

 

Sculptée dans un bois de jacquier, articulée à l'aide de chevilles de bois, l'effigie est animée par un poème que chante le prêtre. Une fois consacrée, elle accueille l'ombre, ou l'âme du défunt, et devient son double. Comme le défunt, elle reçoit des offrandes de nourriture, du bétel et du vin de palme.

 

Lors de la procession qui mène le défunt vers son ultime demeure, le suit le cortège sur un palanquin richement orné. Il est ensuite placé à l'entrée de la tombe d'où il regarde le monde des vivants.

 

 

Les rituels funéraires toraja sont d'une élaboration extrême. Pour aider ?l'ombre? des défunts de hauts rangs à atteindre le statut d'ancêtre, la famille doit accomplir une série de rites de passage. Une fois le cycle des cérémonies achevé, le mort accède au rang ?d'ancêtre divinisé? et cesse son errance.

 

Mais, pour atteindre ce but, les vivants doivent respecter les règles, étape par étape, rite après rite. Les funérailles toraja obéissent à une série d'étapes soigneusement régulées, chacune nécessitant une importante dépense de richesse. C'est donc les nobles, les personnes d'un certains rang ou suffisamment riches qui pouvaient ordonner la réalisation d'un tau tau.

 

Il n'est pas rare d'observer un laps de temps très long entre le moment du décès et les funérailles. En attendant, le cadavre est enveloppé de très nombreux textiles et est considéré comme étant malade.

 

 

Mannequin Funéraire

Dans le Sud de l'île de Malekula, certaines personnes acquièrent un statut

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important en parcourant une hiérarchie de grade. A leur mort, ces hauts gradés sont honorés par la réalisation de mannequins funéraires.

Lors des premiers rituels mortuaires, le crâne est récupéré et surmodelé afin de restituer l'apparence du défunt. Le corps du mannequin est constitué à l'aide d'éléments végétaux puis recouvert d'un enduit obtenu en broyant des plantes. Le rambaramp est un portrait physique et social du défunt. Les motifs peints ainsi que la toile d'araignée qui recouvre la tête indiquent le grade qu'il à acquis dans la hiérarchie. De même, les dents de cochon autour des bras et des jambes sont des signes importants. Ces dents sont utilisées comme monnaie afin d'acheter un grade supérieur.

A l'issue du rituel funéraire le mannequin est exposé publiquement avant d'être entreposé dans la maison des hommes. Ils s'y désintègre lentement.

Plus tard, seul le crâne sera conservé et fiché dans la charpente.

La Mort et sa symbolique au service de la protection

Dans de nombreuses croyances, la mort est pleine de symboliques et de rituels. Souvent, le respect des traditions est d’une importance cruciale afin d’assurer protection, aussi bien aux défunts qu’aux officiants, voir à tout le village.

Figure féminine

Figure Féminine

A Madagascar, de nombreuses populations croient en la présence permanente des esprits des ancêtres parmi les vivants.

Les tombes sont surmontées de poteaux sculptés à l'image des disparus ou parfois de figures d'oiseaux. La sépulture est le lieu de cérémonies commémoratives, d'offrandes et de sacrifices de zébus destinés à s'assurer la protection des défunts qui, s'ils ne sont pas ainsi honorés, peuvent provoquer des accidents ou des maladies.

Poteau funéraire anthropomorphe

En Afrique orientale, de nombreux groupes pratiquent la sculpture funéraire monumentale. Après le décès d'un chef ou d'un grand personnage, les Konso font sculpter et peindre un
poteau funéraire à l'image – idéalisée – du défunt.

Ces grandes figures de bois ne sont pas érigées au dessus de la tombe mais regroupées à l'entrée du village pour en assurer la protection.

 

Statuaire de gardien de reliquaire

Les Kota du Gabon pratiquaient le culte des ancêtres. Les ossements étaient conservés précieusement dans un panier de fibres tressées surmonté d'une figure constituée d'un visage stylisé sculpté dans le bois et entièrement recouvert de plaques et des fils de laiton et de cuivre. Cette image de gardien des reliques osseuses avait entre autre pour rôle de signaler que le monde des morts n'était pas loin.

Lors de conflits, de maladies, pour la chasse, les ossements étaient sortis et nourris du sang d'animaux sacrifiés pour s'attirer la protection des ancêtres.

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Au total, ce sont  21 objets fascinants qui vous entraineront dans un voyage à travers les cultures et les âges.

Et si l’idée de prendre une petite pause pour aller au musée vous tente, n’oubliez pas de profiter du jardin de Quai Branly!

Bien à vous,

Jeremy pour Foruforever

~ La mort fait partie de la vie ~

Sources pour en savoir plus, c’est ici!