La faucheuse s’est invitée à notre table… Et nous avons su la recevoir!

 

Ce vendredi 2 novembre 2012, l’équipe foruforever s’est rendue dans les Ardennes, à Malmedy. Nous avions deux rendez-vous: 

 

1. L’expo « si un jour je meurs » créée par la Plateforme Des Soins Palliatifs De L’est Francophone. Voici leur site web et voici le compte rendu de notre visite !

 

2. Animer notre café de la mort au pub le « Scotch’Inn ».

 

Voici un compte rendu du café de la mort.

 

Le Café de la mort

Un but: Parler de la mort, sous toutes ses coûtures dans une ambiance conviviale. Vous trouverez plus d’explications sur le concept dans la rubrique « Café de la mort«  

Compte rendu du Café de la mort

 

Notre Café de la mort a pris place a Malmedy suite à un partenariat avec les organisateurs de l’expo « Si un jour je meurs ». Le choix de l’endroit pour animer une conversation autour de la mort était logique, le sujet était déjà lancé dans la ville.

Notre soirée s’est déroulée dans établissement bien connu, le « Scotch’Inn ». Il était idéalement situé, sur la place Albert Ier; au coeur de la ville. Nous remercions d’ailleurs chaleureusement le personnel du bar qui a été au petit soin pour nous :-) !

Les premiers participants sont arrivés et se sont installés, un peu en avance. L’équipe en a profité pour entamer une conversation enjouée avec ceux-ci. Plusieurs petits groupes étaient agluttinés dans la salle, les sujets étaient très divers. Pendant ce temps, les invités continuaient d’affluer, nous avons rapidement atteint un total de 23 personnes.

Chacun commande sa petite boisson … bière locale bien goûteuse ;-), vin, eau gazeuse, etc… Et c’est parti !

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C’était le moment propice pour Sandrine d’ouvrir notre 4 ème Café de la mort. Elle commence, sur un ton enjoué à expliquer le concept. D’emblée l’athmosphère se détendit, en effet, l’humour de notre animatrice n’y était pas étranger.

 

Le bal fut ouvert par Vivianne, elle avait préparé un texte dans lequel elle se livrait totalement. Elle partageait avec nous le décès de sa mère. Ses craintes, sa douleur, sa révolte, son amour pour la défunte, tout y était. Pendant cette lecture, tous les participants écoutaient attentivement, un peu perturbés par ce texte. Retrouvez sa nouvelle dans notre rubrique « Livres ». Ce texte était une entrée en matière parfaite, nous avons eu droit à quelques réactions, des interpretations. L’auteure répondait; une conversation honnête avait pris place, mais toujours dans le respect des interlocuteurs.

 

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Sandrine rebondit efficacement en demandant aux interlocuteurs de partager leur propre expérience au regard de ce texte:

« Comment avez-vous, plus personnellement, vécu la mort de vos parents ou de vos proches? ».

Nous avons, à ce moment là, eu droit à une grande variété de réactions.

L’une était heureuse de la mort de mort de sa mère, car cette dernière avait eu une belle vie, elle est partie entourée de ses proches. L’autre était fier d’avoir été présent à la mort de sa femme, il a pu lui dire au revoir. Une troisième personne avait une frustration vis-a-vis de la mort de sa mère, elle ne s’y attendait pas.

 

Le débat s’écartait même un peu du thème principal, les interlocuteurs animaient d’eux-mêmes la conversation, certaines phrases fendaient l’air :

« je n’ai pas peur de la mort », « moi je veux être consciente lors ma mort », « mourir anesthésié, ça doit être horrible, déjà qu’on ne nous a rien demandé à notre naissance, on n’aurait même plus droit à notre conscience à notre mort! », éclats de rire.

Nous avions en spectacle un échange sur les visions de la vie mais aussi sur les différentes confessions et croyances.

L’intensité de la conversation ne retombait que très rarement, cependant, elle n’impliquait qu’une minorité d’intervenants.

 

Sandrine intervint donc et recentra le débat: « Et vous, quelles sont vos croyances, comment voyez-vous la mort et le deuil? ». Cela lui permit aussi d’impliquer d’autres invités qui n’avaient jusqu’ici encore rien dit, j’en faisais partie…

 

Je fus très heureux de partager la vision de la mort et du deuil au Congo, lisez à ce propos mon article dans le tour du monde de la mort. 

 

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Un des participants a relancé la conversation en disant qu’avec sa famille il a du trouver un compromis habile concernant la cérémonie d’enterrement de sa femme. En effet, il avait 6 enfants, et ceux-ci n’avaient pas tous les mêmes croyances ou visions du deuil. Il s’empressa de mentionner que le défi fut relevé avec succès.

 

Sans s’attarder sur le sujet précédent, un des invités intervint, il voulait échanger avec le groupe quelques réflexions sur le suicide:

« Moi le suicide, je ne le comprends pas ».

Il a en effet connu 4 personnes qui se sont données la mort et n’arrive pas à comprendre ce qui les a poussés à commettre l’irréparable. Le café prit alors des allures de café psycho, chacun y allait de son hypothèse et la conversation reprennait bon train. Cette foi-ci, plus de la moitié des intervenants prit part au débat.

 

La conversation tourna vite autour du thème de solitude liée au deuil.

 

Les plus anciens s’accordaient pour dire qu’il fallait encourager l’échange, deux d’entre eux avaient même écrit leurs mémoires à destination de leurs enfants. Un constat sonna comme un coup de massue « dans la famille, on ne se connait pas ».

 

Une dame décida de changer de sujet:

« Vous avez déjà pensé à vos funérailles vous? Moi oui ».

 

Une des personnes plus âgées trancha directement en disant que ce qui se passait lors de la cérémonie faisait partie du monde des vivants, les morts n’ont plus rien à voir avec ça. Cette intervention entraina un nouveau débat dont la conclusion fut « il faut être prêt, mais pas pressé de mourir ». Cette phrase éveilla des éclats de rires dans l’assemblée.

 

La dernière partie de ce café de la mort fut animé d’un débat intergénérationnel, en effet, les « vieux » s’interrogaient sur la manière dont les « jeunes » vivaient leur rapport à la mort. J’intervins à nouveau pour expliquer que de manière générale nous étions moins présents sur les tombes de nos ancêtres. Une mère clôt le débat en disant que l’hommage, chez eux, se fait par le souvenir et par la parole, on échangeait a propos des morts, ils faisaient « encore partie de la maison ».

 

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Une dame prit la parole pour les anciens et dit qu’à l’époque, les femmes devaient porter le deuil pendant un an.

Porter du noir, ne plus allumer la radio, porter un voile. Il fallait aussi se rendre au cimetière régulièrement: aux anniversaires, aux anniversaires de mort, au 8ème jour, aux 6 semaines, etc.

L’assistance fut interpellée par les dires de cette dame, Sandrine surrenchérit pour détendre l’athmosphère: « Eh, ouais, le cimetiière était the place to be », éclats de rires dans l’assemblée.

 

Une dernière remarque tintée de curiosité menait vers la fin du café de la mort:

« En fait, d’ou vient le nom Café de la mort? ». Après une brêve explication, une voix surenchérit: « Mais en fait c’est quelque chose de vivant ici ».

 

Après plus de 2 heures d’échanges et partage, Sandrine décida de cloturer cette 4ème édition des Cafés de la mort, et annonça une nouvelle édition à Bruxelles.

 

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A bientôt!

Le témoignage d’une participante:

« Je ne peux que dire, à vous Sandrine et à votre très sympatique équipe , que avoir créé les Cafés de la Mort, c’est faire oeuvre de « bien public ». Je n’exagère pas. Je ne sais pas l’exprimer autrement. Il vous fallait ne pas avoir peur de prendre des risques. On vous sent tous humainement très impliqués. »

« Cette réunion de vendredi au sujet interpellant, n’était pas une réunion faite de tristesse, nous avons ri aussi. Nous sommes rentrés chez nous le coeur plus léger. La vie est bien belle. » 

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Nelson pour foruforever

La mort fait partie de la vie 

Nos sources:
http://scotchinn.skynetblogs.be/
http://www.soinspalliatifs.be/plate-forme-de-verviers.html