J’aurais porté vos fils, et votre nom aussi
Quand viendra le moment des ultimes aurores,
Vous saurez mon ami accueillir mes « encore »,
Apaisant mes « pourquoi », répétant des « peut-être ».
Vous me tiendrez la main en voyant ma mort naître.
Tant d’années sont passées comme un été d’enfance…
Vous fûtes mon point d’orgue, et corne d’abondance.
Un seul soir vous me prîtes dans la Chambre d’Amour,
Mais notre vie entière résonna de nos jours.
J’ai aimé vos enfants, j’ai guidé vos compagnes.
J’ai parcouru vos mondes comme on bat la campagne,
J’ai compris vos tristesses et réparé vos heures.
Mais ce soir c’est à vous d’héberger le malheur.
Je vous ai tant aimé Monsieur, ne vous déplaise.
Si les ans n’avaient pas chanté viles fadaises,
J’aurais porté vos fils, et votre nom aussi,
Ensoleillant nos corps, illuminant nos nuits.
Promettez-moi Monsieur de porter sur ma tombe
Cette rose fleurie aux couleurs de nos mondes,
Et de me retrouver en nos mille autres vies,
Pour m’aimer en amant jusque dans l’infini.
Sabine Aussenac