L'illumination jaillissant de l'être humain après sa mort.
Réflexion & Débat
Et si on essayait de percer le mystère la mort ?
Nous vous proposons dans cette nouvelle série d’articles préparée par Stéphane Lejoly, d’aborder la mort directement, de parler de l’ultime tabou de l’Après, d’élargir le champ de nos connaissances relatives à l’être humain… Certains propos risquent de vous choquer, mais nous sommes là pour en parler tous ensemble et partager nos différentes visions de la mort. N’hésitez pas à commenter cet article et poser toutes vos questions à Stéphane via les commentaires.
ARTICLE du même auteur : Veiller les défunts : pas seulement par tradition? | Ne pas dire de mal d’un défunt : un instinct encore répandu. | Le tableau de la vie contemplé par les défunts | La mort naturelle et la mort violente, telles qu’éprouvées par les défunts : le cas particulier du suicide.
L’illumination jaillissant du centre de l’être humain après sa mort.
AVERTISSEMENT : le présent article est écrit dans un style très court et condensé, correspondant aux habitudes du public surfant sur Internet. Ce format d’écriture ne permet pas de fonder les concepts qui y sont esquissés, ni de les détailler ou de les préciser. Les lecteurs qui souhaitent un approfondissement sont invités à prendre connaissance d’ouvrages de base, dont c’est le but.
Tant que l’être humain vit dans son corps physique, il a le sentiment que la vie lui est donnée « de l’extérieur ». Tout le contenu de ses perceptions, impressions, émotions, pensées ordinaires, lui semble comme insufflé par le monde extérieur. Jusqu’au moment de sa mort, il est dans une certaine passivité.
Après avoir franchi la porte de la mort, il se sent abandonné par son corps physique, instrument de ses perceptions, de sa pensée, de ses sentiments et de sa volonté, dont il disposait depuis la naissance. Il a le sentiment de s’éloigner de toutes les impressions qu’il a connu pendant son existence physique, c’est-à-dire de l’environnement terrestre, des êtres humains qui l’habitent, y compris ses proches.
« La terre s’éloignant », emportant avec elle tout ce qu’elle dispensait de l’extérieur, quelque chose de nouveau apparaît dans la conscience humaine, qu’il était impossible de découvrir pendant le séjour dans le corps physique : le sentiment que la vie jaillit de l’intérieur de soi-même.
« Tout cela se présente comme si [l’être humain] était sorti de sa conscience antérieure, comme si quelque chose s’était mis en mouvement à partir du centre de son être, quelque chose qui se répand et échappe à la vie à laquelle il s’était jusque là adonné passivement ». [1]
« ?Tu vivifies ce que tu es. Tu es en toi-même. Ce que tu appelais le monde s’est éloigné de toi. Ce dans quoi tu vis maintenant, ce que tu emplis maintenant complètement engendre de soi-même la force de vivification, cela se vivifie? ». [2]
Les images constituant le tableau de l’existence terrestre qui vient de s’écouler, que perçoivent les défunts immédiatement après la mort, deviennent grâce à ces forces de vie jaillissant du centre de l’être, un panorama énergiquement animé ; elles sont vivifiées.
Les pieds dans l’eau © Pierre-Yves Robic octobre 2006
Maintenant commence à être engendrée la lumière intérieure dans le retentissement de l’espace [3]. La lumière intérieure, l’illumination intérieure, ne peut intervenir qu’en raison du fait qu’elle n’est plus dérangée par la lumière extérieure (la lumière physique). De passive, l’âme humaine est devenue active.
Lorsque l’être humain se met à penser très énergiquement au cours de son existence terrestre avant sa mort, se concentrant de toutes ses forces sur des concepts aux contours clairs et précis, de telle façon à ce que le processus de son activité pensante ne soit déterminé par rien d’autre que par cette activité pensante elle-même (autodétermination), alors il commence déjà à manifester autour de lui cette « lumière » jaillissant du centre de son être avant même d’être passé par le seuil de la mort.
Ce phénomène n’a rien d’une vague expérience mystique ;au contraire, lorsque l’être humain l’engendre, il se manifeste comme un phénomène totalement clair et transparent à la conscience humaine, rigoureusement observable et pensable.
Nous engendrons rarement une activité pensante ayant une telle qualité de clarté et d’auto-détermination dans notre vie quotidienne. Nous prenons encore moins la peine d’observer nos processus pensants, ce qui nous permettrait pourtant de discerner les différents types de pensées qui nous habitent et de constater qu’une activité pensante libre, telle que celle dont l’existence est mentionnée ci-dessus, peut exister en l’être humain [4]. L’observation sans a priori d’une telle activité pensante auto-déterminée (dès lors indé
pendante du corps et du cerveau !), par tout qui veut s’en donner la peine, peut conduire à constater empiriquement, bien avant la mort, que l’esprit humain et son activité peuvent se déployer sans que le corps humain n’y soit la cause déterminante.
Par une démarche d’observation empirique rigoureuse mais ardue, il est possible de percevoir l’activité de l’esprit humain indépendante du corps, et d’en concevoir que celle-ci subsiste après la mort.
Par Stéphane
– La mort fait partie de la vie –
Notes
[1] Rudolf Steiner : Les arrière-plans spirituels de la Première Guerre mondiale, GA 174b, EAR, 2010, p. 108
[2] Ibid., p. 107
[3] Il ne s’agit pas d’une « lumière » ou d’un « espace » entendus dans le sens physique et matériel de ces termes. À défaut de pouvoir disposer de mots spécifiques à des phénomènes « suprasensibles », spirituels, il est nécessaire de faire des emprunts au vocabulaire d’ordinaire utilisé pour décrire des réalités physiques. La lumière dont il est question n’est donc pas la lumière physique mais une « lumière » spirituelle.
[4] Pour s’exercer à une observation rigoureuse de l’activité pensante de l’être humain, voir : Rudolf Steiner : La philosophie de la liberté, GA 4, Éditions Novalis, 1993.
Stéphane Lejoly
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