J’AI EU UNE EDUCATION BOURGEOISE ET J’AI ETE SAGE TOUTE MA VIE. MA FAMILLE EST PASSABLEMENT DEGENEREE, C’EST POURQUOI, J’AI, SANS DOUTE UNE LOURDE HEREDITE ET JE SUIS ABIME PAR MON MILIEU. NATURELLEMENT, J’AI AUSSI LE CANCER, CE QUI VA DE SOIT, SI L’ON JUGE D’APRES CE QUE JE VIENS DE DIRE. 

Chers amis,

« SEUL CE QUE L’ON RESSENT DANS L’INSTANT ET SANS INTERPRETATION EST, EN SOI, INCONTESTABLE.  L’esprit tant bien que mal, étayé de convictions, fourmillant d’exégèses, nous sommes des êtres imaginaires, que seule la souffrance, la souffrance physique, renvoie à la réalité !« 

HECTOR BIANCHIOTTI – « LA NOSTALIE DE LA MAISON DE DIEU »

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« JE SUIS JEUNE ET RICHE ET CULTIVE ; ET JE SUIS MALHEUREUX, NEVROSE ET SEUL. JE DESCENDS D’UNE DES MEILLEURES FAMILLES DE LA RIVE DROITE DU LAC DE ZURICH, QU’ON APPELLE AUSSI « LA RIVE DOREE ».

fritz zorn

Ainsi commence « M A R S » de FRITZ  ZORN, (pseudonyme)  le manuscrit d’un homme qui meurt de n’avoir jamais vécu.

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Pourquoi   » M A R S »  car Mars, est le dieu de la guerre.

Pourquoi  « Z O R N »   car der Zorn, signifie la colère.

MARS 2

Et à juste titre. C’est le testament d’un homme en guerre, dont c’est le premier

et le dernier combat.

Son milieu hyper protégé lui coupe les ailes dès le début de sa vie.

Aucune manifestation, de  tendresse, de colère, d’aucune sorte, n’est autorisée. Rien ne doit dépasser du « modèle », qui tient lieu de tout.   

C’EST ETRE MORT ET FAIRE CROIRE QU’ON EST VIVANT ! !

ZORN prend la grosseur qui prolifère dans son cou, comme l’intervention de la vie. Il lui arrive enfin quelque chose, même s’il sait que ce quelque chose est peut-être, mortel.

Ses parents-bourreaux,  ces morts-vivants, sont l’instrument de son malheur.

Ce qu’il en dit est sans concession, sans compassion. Enfermé dans le  carcan de son éducation mortifère, il n’a jamais eu aucune relation vraie avec son semblable, aucune relation sexuelle. Il meurt vierge. 

ADOLF MUSCHG (1934- Suisse-Allemand), professeur germanistique, lui écrit une flamboyante préface :

 

 

«  » ZORN présente son enfance comme l’étude d’un cas appartenant à un milieu social où le bon ton consiste à éluder le présent; qui a perfectionné le mécanisme de l’ajournement jusqu’à en faire un style de vie, afin de pouvoir octroyer à chaque instant le don de l’harmonie » » ».

 

«  » »Tenir une maison comme il faut, signifie : traiter les problèmes comme des fautes de goût, considérer co
mme une impolitesse la provocation qui constituent les faits… » » » 

 

« D’où il semble résulter que la maladie est identique au déséquilibre, à la communication perturbée; qu’il ne faut pas, dès lors, la décrire ni la traiter comme cause, mais comme conséquence d’une disharmonie L’on  ne « devient » pas malade,  à moins, de l’être déjà;  à moins de vivre en disparité chronique avec son entourage, et donc aussi avec soi-même.

 

Notre image de l’homme devrait être révolutionnée par l’idée que, très souvent, rien d’autre ne nous fait mourir que notre incapacité à vivre en paix avec les conditions de cette civilisation, que nous avons nous-mêmes créée. » »

  

Adolf Muschg la termine ainsi :

 

« …CE QUI LUI A MANQUE, CE FUT CELUI OU CELLE QUI AURAIT RECLAME DE LUI PARTAGE ET COMMUNICATION … »

«  »DANS UNE SOCIETE INCURABLE, SA MORT N’EST PAS EXCEPTIONNELLE, MAIS NORMALE. NOUS MOURRONS ENCORE AINSI, AUSSI LONGTEMPS QUE NOUS VIVRONS ENCORE AINSI.

C’EST CE QU’IL Y A DE VRAIMENT BOULEVERSANT DANS CE LIVRE « … 

Repassons à MARS de FRITZ ZORN, qui nous écrit dans un style froid, chirurgical, sans aucun apitoiement sur lui-même, ni sur les autres :

 

«  » » TELLE EST MA VIE. J’AI GRANDI DANS LE MEILLEUR, LE PLUS SAIN, LE PLUS HARMONIEUX, LE PLUS STERILE ET LE PLUS FAUX DE TOUS LES MONDES ; AUJOURD’HUI JE ME TROUVE DEVANT UN TAS DE DEBRIS.

TOUT DE MEME, N’EST-CE PAS MILLE FOIS  MIEUX DE SE TROUVER DEVANT UN TAS DE DEBRIS QUE DEVANT UN ARBRE DE NOEL BRANLANT, ET OBLIGE DE SUBIR LA PEUR TERRIBLE QUE CET INFIRME STERILE, MALGRE TOUT, NE TOMBE ET SOIT FICHU ! «  »

«  »CE QUI M’AMENE A LA MORALE DE CETTE HISTOIRE :

PLUTOT LE CANCER QUE L’HARMONIE. OU EN ESPAGNOL : VIVA LA MUERTE ! «  » » 

 

« Je crois que ne-pas-vouloir-déranger est quelque chose de mauvais, parce qu’il FAUT justement  qu’on dérange.

Il ne suffit pas d’exister; il faut aussi attirer l’attention sur le fait qu’on existe. Il ne suffit pas simplement d’ETRE, on doit également agir. Mais qui agit « dérange » et cela, au sens le plus noble du terme. 

«  »LA MORT DE CHAQUE ETRE HUMAIN EST LA MORT DE TOUS LES HOMMES ET LA MORT DE CHAQUE HOMME EST LA FIN DU MONDE. «  »

  

Zorn termine son testament, par cette phrase : 

 

«  »JE N’AI PAS ENCORE VAINCU CE QUE JE COMBATS, MAIS JE NE SUIS PAS ENCORE VAINCU NON PLUS, ET CE QUI EST LE PLUS IMPORTANT, JE N’AI PAS ENCORE CAPITULE.

JE ME DECLARE EN GUERRE TOTALE ! 

FRITZ ZORN MEURT A l’AGE DE 32 ANS. IL VENAIT A QUELQUES JOURS PRES, DE TERMINER SON UNIQUE LIVRE. 

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JE VOUS SOUHAITE DE NE PAS ETRE NE SUR UNE « RIVE DOREE ».

JE VOUS CONSEILLE  AUSSI DEUX CHOSES :

– DE LIRE CE LIVRE (je l’ai  trouvé dans FOLIO)

– DE BIEN VIVRE, PUISQU’IL NOUS FAUT BIEN MOURIR.

Mais, cela, je vous l’ai déjà dit et le répèterai !

Portez-vous bien !

Par Vivianne 
– La mort fait partie de la vie –