P A V A N E  P O U R  U N E  M E R E  D E F U N T E.

de Vivianne Casolari

Une partie ce texte a été lue lors de notre café de la mort à Malmedy.

 

P R E F A C E

 

« Il ne restera pas l’être, mais l’image. Même pas l’image, son reflet. » H.B.

 

Témoin des derniers instants de notre Mère, j’ai vécu sa mort comme emmurée, sourde à tout ce qui n’était pas elle. Je ne veux rien oublier, j’ai la volonté de la garder vivante. Ecrire cette nouvelle est un moyen d’y arriver.

 

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Dans ma recherche d’expressions pour transcender cet événement, sans être  croyante, j’ai utilisé certaines scènes liturgiques. Le langage sacré semblait répondre à ce besoin.

 

Ce récit ne signifie en aucune façon que je veuille m’accaparer Maman. Nos parents ont mis au monde 5 filles et un garçon. Une des filles est morte à 6 mois.

 

Nous avons chacun, chacune, notre vécu avec elle dans l’intimité de notre âme, et qui nous appartient. Nous sommes libres dans notre relation avec l’Autre, mort ou vif, et libres de traduire cette relation. Je le suis de dire que je savais qu’elle mourait dans mes bras.

 

S’il est vrai que chaque lecture la fait mourir, chaque lecture la fait revivre.

 

J’ai hésité à fermer les yeux de notre Mère. C’est tellement définitif.

 

Mes yeux dans les siens, j’ai vu disparaître son regard comme un petit personnage de Folon, se perdre dans nulle part, le trou noir.

Je les ai fermés.

 

Ce geste, je ne le céderai à personne. Merci Maman pour ce cadeau, même s’il prend chaque jour la forme d’une souffrance  différente. Tout se paie, mais cela ne me gêne pas. Nous ne sommes pas sur cette terre pour nous amuser, et si nous le pouvons, tant mieux, car contrairement à ce que beaucoup d’entre nous s’imagine, le bonheur n’est pas un dû.

A la mort d’une personne bien aimée, on souffre de son absence, du manque de son amour, de la partie de nous-mêmes qu’elle a emmenée avec elle. Nous nous sentons amputés.

C’est un aspect des choses un peu égoïste. Ce qui m’atteint le plus, c’est que Maman soit privée de Sa vie, de la Vie, qu’elle ne puisse plus en jouir.

 

S’il y a un au-delà, ce ne peut être que l’Enfer.

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  Je ne voulais ressembler à personne, surtout pas à notre Mère. Pourtant, elle et moi, avions physiquement beaucoup de points communs, qui ce sont accentués d’année en année.

Aujourd’hui, qu’elle n’est plus là, par le truchement du jeu des miroirs, sous divers angles, profils, j’essaie de capter son visage. Quand il me semble que l’image est bonne, je joue l’innocente et l’imagination consentante, je me dis « Tiens, c’est toi Maman ? »

 

Etre regretté, n’est-ce pas avoir réussi sa vie ?

 

On parle parfois de ce dédoublement, de ce détachement de soi, où le moi devient  un autre, prend de la hauteur pour arriver à supporter les situations invraisemblables qui lui sont données de vivre.

 

Où le sujet devient objet. Question de survie !

Vivianne Casolari 

(L’article est illustré par des oeuvres de Klimt)

 

Lisez le magnifique TEXTE de Vivianne, en cliquant sur le lien ci-dessous ! 

PAVANE POUR UNE MERE DEFUNTE