Conjuguons la mort au présent
La conjugaison française permet de voir les différents degrés d’implication que nous pouvons avoir avec la mort.
Sortons nos bescherelles pour vérifier ce que l’on perçoit le décès à la première, deuxième, et troisième personne du singulier.
Je suis mort(e)
C’est un instant insoutenable ! il est difficile d’accepter sa propre mort.
On a du mal à l’imaginer, et pourtant, il faut se rappeler que nous sommes de passage sur terre, comme tous les êtres vivants.
Dans un ton plus léger, pour éviter l’inconjuguable, on fera suivre cette conjugaison tel « je suis mort de rire ! ». (Si vous n’avez toujours pas lu notre article sur le sujet, c’est le moment!) Notons aussi cette expression bien trop usitée dans notre société : « je suis mort de fatigue« .
Tu es mort(e)
Cela me touche car je te connaissais.
La disparition est douloureuse. Son décès met un terme à l’attachement profond que l’on avait avec cette personne. Certains d’entre nous utilisent le sens figuré de cette expression pour qualifier une épée de damoclès. En exemple, qui n’a pas entendu : « Tu lui as rien dit ?!?… t’es mort(e) ! », soit pour dire encore « Il va te tuer quand il va le découvrir ! ».
Il / elle est mort(e)
On y porte un regard anonyme.
On est informé d’un anonyme décédé. En exemple, une femme est morte, suite à des violences conjugales : « elle est morte poignardée sous les coups de son bourreau ». Au delà de la violence de cette tragédie, cette victime est inconnue donc il n’existe aucun rapport intime, excepté avec ses proches. On ne peut que ressentir de la compassion pour cette femme, puis oublier. C’est pourquoi, des campagnes tentent de sensibiliser sur cette mort que l’on peut éviter, en levant le voile sur l’identité (« L’affaire Ibrahima ») car nous pouvons tous être, un jour, concerné par ce drame.
Peut on concevoir que l’on puisse se réconcilier avec le sens propre de la mort dans notre vie pour mieux reposer en paix ? comme le disait Freud « si vis vitam, para mortem » soit « si tu veux vivre, prépare ta mort ».
Lyhia
— La mort fait partie de la vie —
Source :
http://www.suite101.fr/content/nouveau-drame-des-violences-conjugales-a8122