Conte Chinois : Le jeune homme et la mort
Un jeune homme était parti chercher du bois dans la forêt. Il marchait depuis longtemps déjà et il commençait à être bien chargé.
Aussi était-il fatigué. Il arriva à une source. Il y avait une sorte de conque formée de rochers et de racines. Il posa son fardeau, s’agenouilla et bu longuement. Puis, il se mouilla la nuque, se lava le visage, plongea la tête dans la cuvette. Quand il se releva, il aperçut son reflet dans l’eau. Mais il y avait quelqu’un à ses côtés. C’était une vieille femme au visage pâle. Ses yeux sombres étaient profondément enfoncés dans les orbites. Elle était maigre, très maigre… Elle n’avait que la peau sur les os.
C’était la mort.
Le jeune homme frissonna, il pâlit. Vous pensez bien qu’il n’avait pas envie de mourir ! Il était si jeune !
– Que veux-tu? parvint-il à murmurer.
– Rassure-toi, ce n’est pas toi que je viens chercher. J’attends quelqu’un d’autre, lui répondit la Mort.
Aussitôt, le jeune se sentit mieux alors il dit:
– Vois-tu, c’est effrayant de te voir surgir ainsi. Je voudrais te demander quelque chose. Le jour où mon heure sera venue, le jour où c’est moi que tu viendras chercher, préviens-moi un peu à l’avance pour que je m’habitue à l’idée. Envoie-moi quelques signes…
La Mort promit. Le jeune homme rentra chez lui avec son bois. Il reprit ses occupations. Le temps passa. Il fit la connaissance d’une belle jeune fille et ils se marièrent. Ils eurent trois enfants qui grandirent. Ils n’étaient pas riches mais ils vivaient heureux dans leur maison à l’orée du bois. Les années passèrent et les enfants eurent des enfants à leur tour. L’homme allait toujours chercher du bois dans la forêt et depuis tant d’années, il avait pris l’habitude de se rafraîchir à la même source. Un jour, comme il s’y désaltérait, il vit le visage de la Mort se refléter dans l’eau. Il trésaillit, se retourna et lui demanda ce qu’elle faisait là.
– Ce que je fais là ? Je suis venue te chercher, répondit la Mort.
– Comment ? Déjà ? Tu as oublié ta promesse… tu devais me prévenir avant de venir, se plaignit l’homme.
– Mais, dit la Mort, n’as-tu pas vu tes cheveux blanchir ? N’as-tu pas vu les rides creuser ton visage ? Les fagots n’étaient-ils pas un peu plus lourds chaque année ? Tes pas dans la forêt ne pesaient-ils pas un davantage au fil du temps qui passait ? Comment oses-tu dire que je ne t’ai pas prévenu ?
Et la Mort l’emporta.
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