« Je voudrais pas crever » de Boris Vian
« Je n’atteindrai pas les quarante ans », avait toujours dit BorisVian. Il meurt en 1959, à 39 ans, d’une crise cardiaque. Vian est malade depuis 1932, date à laquelle débute un rhumatisme cardiaque.
A 12 ans, il crée un orchestre, à 18, il se passionne pour le jazz et apprend à jouer de la trompette.
1943, Il est ingénieur à l’A.F.N.O.R.
Il joue dans l’ensemble de Jazz de Claude Abadie. Abandonne son métier d’ingénieur.
Romancier, critique musical, traducteur, auteur de chanson (pour, entre autres, Henri Salvador, Brigitte Bardot…), il est le roi de Saint – Germain des Prés. » »
Créateur de la chanson internationalement connue « LE DESERTEUR ».
Il faut s’imaginer ce que peut être la vie, quand on naît en 1920, (à Ville-d’Avray) deux ans après la guerre 1914/18, et qu’on vit celle de 1940/45, guerre meurtrière, « plus de 50 millions d’êtres humains y ont perdu la vie. Les survivants reviennent des camps de la mort, fantômes décharnés aux yeux vides. »
« En plein coeur de la guerre, la jeunesse crie sa volonté de vivre et de s’amuser. »
Le goût de la vie, de l’amour, tout est poussé à son paroxisme. La mort est si proche.
Pressé par la maladie, pressé par la mort, Boris Vian ne se préocuppe pas de son état de santé, mais, assoiffé, de vivre le plus intensément possible, le temps qui lui est imparti, et cela dans le plus de domaines possibles.
Il y a tant de choses à dire, sur cet homme extraordinaire, qui avait tant à donner.
Je vous en dirai beaucoup plus, dans mon prochain article : « L’ECUME DES JOURS » . Un des plus beaux romans d’amour de la littérature.
Voici maintenant, après ce petit éclairage, sur Boris Vian :
Je voudrais pas crever
Je voudrais pas crever
Avant d’avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d’argent
Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un côté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d’égoût
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu’on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me feraient de peine
Si si si je savais
Que j’en aurai l’étrenne
Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j’apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d’algues
Sur le sable ondulé
L’herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L’odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l’Ursula
Je voudrais pas crever
Avant d’avoir usé
Sa bouche sur ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J’en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir
Sans qu’on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
A voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir
Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s’amène
Avec sa gueule moche
Et qui m’ouvre ses bras
De grenouille banchroche
Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d’avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu’est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d’avoir goûté
La saveur de la mort
Poème de Boris Vian
N’OUBLIEZ PAS : LISEZ (AUSSI…) TOUT HAUT – La musique est importante !!!
Voici une version chantée de Serge Reggiani
« SEULE LA MORT LUI CONFERERA SON IDENTITE » dit Raymond Quenau, à propos de Boris Vian, son ami.
SURTOUT NE RATEZ PAS MON PROCHAIN ARTICLE, L’ECUME DES JOURS, VOUS NE LE REGRETTEREZ PAS !
Portez-vous bien !
Par Vivianne pour La mort fait partie de la vie
Vivianne Casolari
Née le 18 janvier 1945 d’une maman belge et d’un papa d’origine toscane, je suis passionnée de littérature, de musique, de danse et de voyages. Aînée de 5 filles et d’un garçon, j’ai eu le sens des responsabilités très jeune. Je n’ai jamais été un enfant. Cela ne m’a jamais manqué. Responsable d’une filiale belge d’un grand fabriquant de plantes français, j’ai maintenant ma petite société de consultance. La littérature est devenue ma religion. Elle m’a permis de me rendre compte de l’énorme richesse de l’humanité, que chaque livre renferme l’âme de celui qui l’a écrit, que chaque âme est différente.
« Ceci n’est pas une livre. Celui qui le touche, touche un homme« . (WALT WHITMAN)
Le but de nos acquits, n’est-ce pas le partage ?